YOM HAÂTSMAOUT
A) Le Hallel est constitué des psaumes 113 à 118 récités comme louange ou reconnaissance lors de certaines fêtes. Il y a deux sortes de Hallel :
a) Le Hallel complet que, selon toutes les opinions, on récite avec bénédiction.
b) Le Hallel partiel pour lequel les avis sont partagés : certains le récitent avec bénédiction, d’autres sans.
Pour la fête de Yom Haâtsmaout, le jour de l’Indépendance d’Israël qui est habituellement souligné le 5 Iyar, les avis sont aussi partagés concernant le Hallel.
Certains pensent qu’il est un devoir de le dire ce jour là, et selon eux, il faut même réciter la Bérakha, comme pour les jours de Hannouka.
B) D’autres pensent que chacun a le droit de dire le Hallel afin de remercier et de glorifier Hachem pour les miracles qu’Il a réalisés lors de la création de l’Etat d’Israël, mais sans bénédiction. C’est ainsi que tranchent tous ceux qui ont présidé le Grand Rabbinat d’Israël et qui sont cités ci-dessous.
Nous avons jugé utile de diffuser la position de notre Maître, le Rav Ovadia Yossef z.t.l sur le Yom Haâtsmaout.
C) Voici ce qu’il a conclu concrètement lorsqu’il a été consulté sur ce débat : Selon lui, les personnes qui désirent dire le Hallel le jour de Yom Haâtsmaout sont autorisées à le faire, mais attention :
a) On ne peut en aucun cas réciter la Bérakha sur le Hallel – ni la Bérakha initiale, ni la Bérakha finale.
b) Il est conseillé d’attendre la fin de la prière de Cha’harit pour dire le Hallel et de ne pas le faire immédiatement après la Amida. Puisque,
sur un plan mystique, il ne faut pas s’interrompre entre la Amida et le reste de la prière (excepté les jours où la récitation du Hallel est instaurée par nos Maîtres du Talmud).
c) On ne doit toutefois pas empêcher les communautés qui désirent réciter le Hallel immédiatement après la répétition de la Amida de le faire, car cela n’enfreint aucun interdit réel selon la Halakha.
d) On ne récite pas la Bérakha de Chéhé’héyanou sur le jour de Yom Haâtsmaout lui-même car il y aurait un risque de Berakha Lévatala (bénédiction en vain).
e) On ne récite pas le Vidouï ni les Ta’hanounim (supplications) le jour de Yom Haâtsmaout.
Dans tous les cas, il est important de se soumettre à la coutume de sa Communauté pour ne pas provoquer des Mahlokot (de conflits) et des polémiques au sein de sa synagogue et pour ne pas transgresser la loi de Lo TitGodédou (ne pas créer de clan dans une Communauté). D. nous en préserve, ce serait bien plus grave !
Le Rav Ovadia Yossef z.t.l a ajouté (nous avons résumé ses propos) : « Même si nous avons eu le mérite – par les bontés d’Hachem – de vaincre nos ennemis si forts et si nombreux, cela reste un phénomène extraordinaire mais pour cela, lors de la guerre d’Indépendance, Israël a perdu de nombreuses et précieuses âmes parmi nos valeureux soldats. Et même si en définitive Israël a obtenu la victoire, même si de nombreux et très éminents Rabbanim ont vu à l’époque, à travers la création de l’Etat, le début de la Guéoula (la délivrance), la route est encore très longue pour arriver au repos et à l’indépendance. Aussi bien du point de vue politique et militaire que du point de vue moral et spirituel. « Alors même si nous nous opposons très fortement à un grand nombre d’agissements qui ont été ceux de plusieurs de nos dirigeants depuis la création de notre État et jusqu’à ce jour, il n’en demeure pas moins que la création de l’État d’Israël représente un sauvetage et une grande délivrance pour notre peuple. »
En résumé, il est évident que c’est un grand jour et que ne pas réciter la bénédiction n’enlève rien à son envergure. Nous avons l’obligation d’être vigilants face au risque Halakhique de réciter une bénédiction en vain, ce qui est une faute grave. Cette mah’lokèt (discussion) est au fond une mah’lokèt Léchèm chamayim orientée vers la fidélité à Hachem et le souci de préserver l’unité de la grande famille du peuple d’Israël, dans toutes ses composantes sans exception.
Rappelons-nous les commentaires du ‘Hida sur la Haggadah. Il rapporte qu’il n’y aura de salut (guéoula) que s’il y a unité du peuple d’Israël…
Qu’Hachem puisse apporter la délivrance finale à tout son peuple, Amen.
REFERENCES DES HALAKHOT
A) Références : Hassidour Ha’hadach Véhachalem Létfiloth ; Rabbi Tzvi Yéhouda Hacohen Kook z.t.l page 114, Chééloth Outchouvot Chéilat Chélomo ; Rabbi Chlomo Aviner Chlita, VI, 70, Sidour Beit Meloukha.
B) Références : Les Guédolé Israël, Sages d’Israël de l’époque (1948) ; Le Grand Rabbinat d’Israël sous la direction des Grands Rabbins ; Rabbi Ben Tsion Meïr Haï Ouziel z.t.l ; Rabbi Its’hak Herzog z.t.l ; Rabbi Chlomo Goren z.t.l ; Rabbi Tsvi Pessa’h Franck z.t.l ; Rabbi Réouven Kats ; Rabbi Ovadia Hadaya ; Rabbi Yâakov Adess z.t.l ; Rabbi Ôvadia Yossef z.t.l avaient institués la lecture du Hallel sans Berakha ; Rabbi Rahamim Mezouz Roch Yechiva Kissé Rahamim, voir également le Choulhan Aroukh Orah Haïm 218/2 et le Kaf Hahaïm chapitre 218 Note 7.
C) Références : Rabbi Yossef David Azoulay z.t.l dans Tov Ayine Siman 11 ; Rabbi Ovadia Yossef z.t.l dans H’azon Ovadia Yom Tov page 314 ; Rabbi Yossef Chlomo Oyrbakh z.t.l dans Achré Haïch page 440 ; Rabbi Moché Sofer z.t.l dans Kaf HaHaïm Ot 30.
Aphorisme du Pirké Avot (Maximes de nos pères)
Avtalione disait :
« Sages, mesurez vos paroles, car vous pourriez être condamnés à l’exil et déportés dans un endroit où les eaux sont malsaines. Vos disciples pourraient en boire et mourir, et le nom de D-ieu serait profané. »