A côté des fêtes édictées par la Halakha, les Juifs de Tunisie et de certaines communautés du Magreb ont coutume de célébrer chaque année deux fêtes particulières :
1️⃣Rosh Hodesh el Bnat, la fête des filles, le 8ème jour de Hannouka,
2️⃣Séoudat Yitro, la fête des garçons.
Ces communautés célèbrent le jeudi soir précédant la lecture de la Parachat des Dix Commandements, la Séoudat Yitro (le festin de Yitro ) accompagné du Siyoum du Zohar.
Nos Sages ont en effet instauré un grand festin la semaine précédant la Parachat Yitro pour commémorer une épidémie de diphtérie qui aurait touché la Tunisie au 19ème siècle et particulièrement frappé les jeunes garçons de la communauté juive, en épargnant ses voisins musulmans.
La communauté organisa des prières, des visites sur les tombes des Tsadikim, des jeûnes… afin qu’Hachem lui accorde sa miséricorde. Et l’épidémie cessa brusquement le jeudi de la semaine de la Sidra où on récite le passage de Yitro (Exode, 18).
Même si les chroniques de l’époque ne mentionnent nullement cette épidémie, nous avons une tradition et c’est là sa force. De plus, Yitro est la 17ème Paracha et la valeur numérique de 17 est Tov, le Bien. Et le jeudi soir, le 5ème jour de la semaine, est jugé bénéfique pour protéger le garçon contre le mauvais œil (le chiffre 5).
A) Lors de ce festin, on a l’habitude de manger de la viande de pigeon, tendre, facile à digérer, et à laquelle on prête en outre des vertus curatives. Au cours de cette épidémie les enfants malades auraient
été nourris de chair de pigeon.
B) L’origine de cette coutume se trouve aussi dans un verset de la Paracha de Yitro : Moché a offert un repas en l’honneur de son beau-père qui avait reconnu le D.ieu d’Israël et qui a conseillé à son gendre de choisir des hommes intègres craignant Hachem pour être les chefs d’Israël à ses côtés.
Les communautés juives auraient longtemps commémoré cette instauration de la fête des Chefs «חגיגת נשאיאים Haguigat-Nesiiim». Certains pensent aussi que ce repas a été instauré en l’honneur des jeunes garçons qui ont pour la première fois l’occasion de lire les Dix Commandements.
Rabbi Abraham Taïeb z.t.l dit « Baba Sidi », décédé en 1741, conseilla aux parents de faire profiter leurs fils de cette fête pour qu’ils lisent ce jour-là les Dix Commandements, qu’il s’agisse de leur première lecture ou de la répétition des lectures des années précédentes. Autrement dit, ce Sage a voulu que la fête soit l’occasion pour eux de répéter les Dix Commandements afin de s’en imprégner davantage. D’ailleurs, à l’instar de la Feuille de miel éditée en Tunisie pour Roch Hachana, on publiait pour les enfants la Feuille de Yitro (Ouarkat Yitro) qui reproduisait le Chémâ Israël et les Dix Commandements.
Dans certaines familles, les enfants la lisaient à voix haute.
À noter : Les juifs originaires de Tunisie ne récitent pas de Ta’hanounim le jeudi dans la Téfila de Cha’harit et de Minha.
Références : Rabbi Moché Kalfon Cohen z.t.l de Djerba dans son Responsa Bérit Kéhounah section Ora’h Haïm Ot 60 n°17 ; Claude Nataf Président de la Société d’histoire des Juifs de Tunisie.
Aphorisme du Rabbi de Loubavitch
Il est inutile de rationaliser ou d’intellectualiser notre relation avec Hachem. Nous devons la ressentir.