A) Le 10 Tévet est un jour de jeûne parce qu’il marque le début des malheurs du peuple juif. C’est le premier d’une série de catastrophes qui ont abouti à la destruction de Jérusalem tout comme à celle du Premier Temple, et à l’exil de la nation d’Israël. Ces événements ont été causés par l’entêtement du peuple juif à mal se comporter vis-à-vis du Créateur et à ignorer les paroles de Ses prophètes.
B) Vers -425, il y avait déjà des Juifs à Babylone, mais ils vivaient éloignés de la Torah. Le prophète Yirmiyahou (Jérémie) avait beau eu les mettre en garde en leur annonçant que s’ils ne se repentaient pas, le Temple de Jérusalem serait détruit et les Juifs dispersés en exil, ils ne l’ont pas cru. C’est pourquoi, le jour du 10 Tévet, quand Nabuchodonosor assiégea Jérusalem, Hachem vint en songe au prophète Yekhezkiel (Ezéchiel) et lui relata les événements de la journée, afin qu’il les annoncent au peuple et que chacun reconnaisse son erreur.
Le Talmud Babli rapporte en effet (Talmud Babli Guémara Rosh Hashana 31a) que ce jour-là, la Chékhinah (Gloire Divine), dont la présence pouvait se percevoir dans le Saint-des-saints au cœur du Temple, s’est progressivement retirée du milieu du Peuple en raison de ses mauvais comportements.
Rabbi Yohanan a énuméré les dix étapes de cet éloignement : depuis le Kodech-haKodashim vers l’extérieur du Temple, gagnant ensuite toute la ville de Jérusalem, puis le Mont des Oliviers jusqu’au désert. Une fois parvenue au Mont, la Chékhinah a encore attendu pendant six mois la Téchouva (repentir) du peuple, avant de poursuivre Son retrait.
C’est lors de la neuvième année du règne du roi Sédécias, le dixième jour du mois de Tévet de l’an 3336 depuis la Création du monde (-425) que les armées de l’empereur babylonien Nabuchodonosor avaient donc fait le siège de Jérusalem. Mais 24 mois plus tard, le 17 Tamouz 3338, une brèche fut ouverte dans les murs de la Cité et le 9 Av de cette même année, le Saint Temple fut détruit. Et le peuple juif a été condamné à l’exil à Babylone pendant 70 ans.
C) Le 10 Tévet est donc un jour de jeûne, de deuil et de repentir, en souvenir du siège de Jérusalem. Nous nous abstenons de manger et de boire, et nous ajoutons les Séli’hot et d’autres passages à nos prières.
D) On peut à juste titre s’interroger sur la pertinence de ce jeûne qui vient souligner un événement vieux de plus de deux millénaires et demi et qui n’avait rien de catastrophique. Surtout si on le compare au jeûne du 9 Av qui marque, lui, un désastre de l’histoire juive avec la destruction du 1er et du 2ème Temples.
Alors pourquoi jeûne-t-on ? Le Rambam nous explique que la signification essentielle de nos jeûnes (dont celui du 10 Tévet) n’est pas de marquer les événements catastrophiques auxquels ils s’appliquent. En nous imposant ces jeûnes, le but de nos Sages est d’éveiller nos cœurs au repentir et de nous rappeler à la fois les fautes de nos ancêtres et les nôtres, ainsi qu’il est écrit (Lévitique 26, 40) : « Ils confesseront leur crime et le crime de leurs pères… »
E) Nous sommes confiants que cette prophétie se réalisera très prochainement, Amen
REFERENCES DES HALAKHOT
A) Références : Zacharie chapitre 8, verset 19.
B) Références : Voir Jérémie 52, 4 et II Rois 25, 1-2 et Ézéchiel 24, 1-2.
C) Références : Zacharie chapitre 8 verset 19.
D) Références : Rabbi Moché Bar Maïmon z.t.l dans Michné Torah Hilkhot Taâniyoth chapitre 5 Halakha 1. Il est mentionné dans Zékharia, Chapitre 8, Verset 19 « Ainsi parle Hachem : Le jeûne du 4ème mois (17 Tamouz), le jeûne du 5ème mois (9 Av), le jeûne du 7ème mois (jeûne de Guédalia) et le jeûne du 10ème mois (10 Tévet) se transformeront pour la maison de Yéhouda en jours d’allégresse et de joie, en fêtes de réjouissances ».
E) Références : Michna Taânit 26 et 28, Toséfta Sota, Chapitre 6, Sifri Parachat Vaéthanan, Talmud Yérouchalmi Chapitre 4, Guémara Roch Hachana page 18.
Aphorisme de nos Sages
Malheur à la génération dont les juges méritent d’être jugés !