VIGILANCE OU PROMPTITUDE
La Paracha Tsav, qui est le prolongement de la Paracha Vayikra, traite de la législation des sacrifices et des holocaustes. Parmi les nombreux aspects dont parle la Paracha, il en est un qui retiendra notre attention:
celui relatif au service que rend le Cohen quand il reçoit un sacrifice d’un Ben Israël et qu’il offre à Hachem au nom et pour le compte de ce Ben Israël.
Nos sages, à ce propos, nous ont transmis que le Cohen devait faire preuve de Zrizout, de rapidité ou promptitude, dans l’accomplissement de ce service afin d’empêcher que le sacrifice apporté soit Passoul (inapte), faute d’avoir été accompli dans un délai valable. Ainsi, le Cohen qui ne pouvait ou ne savait remplir cette condition de Zrizout était écarté de cette fonction dans le but de préserver celui qui offre le sacrifice de toute perte pécuniaire.
Nous voyons ici que le Cohen ne devait, à cause de son comportement inadéquat, causer un préjudice qu’un autre devait subir.
UN MAASSÉ UN MAASSÉ UN MAASSÉ
Rapportons maintenant un Maassé qui va dans le même sens et nous éclaircir de l’importance de la vigilance.
Au temps de Rabbi Israel Salanter (ZT’L), un boucher se voyait presque toujours refuser de la part de son Chohet (celui qui abat les animaux selon le rite de la Torah) la reconnaissance de la Kacherout de ces bêtes. Non pas que le Chohet lui cherchait du mal, mais parce que ce dernier était toujours Mahmir (faisais toujours plus que la loi) pour valider la Chhita de telle ou telle bête.
Il s’ensuivit que les affaires du boucher allaient de pire en pire et à mesure que sa situation financière se détériorait, il en était de même de sa santé physique et mentale. Le pauvre boucher, criblé de dettes et de sursoit limité dans la vente de ses viandes à cause de la rigueur que lui imposait son Chohet en matière de Kacherout, finit par rendre l’âme.
Le Chohet commença alors à rêver, nuit après nuit, du défunt boucher qui venait le visiter dans son sommeil pour lui dire: « à cause de toi, je suis parti de ce monde en laissant ma femme et mes enfant en bas âge sans
ressources et, en plus, terriblement endettés. Pour cette raison, je me chargerais moi même, quand ton heure viendra, de plaider contre ton entrée au OLAM HABA ».
Effrayé par la répétition quotidienne de ce rêve, le Chohet alla consulter le Rav Israël Salanter z.t.l.. Le Rav organisa la tenue d’un Beit Din: il s’avéra aux yeux de ce tribunal que le Chohet, dans les exigences très rigoureuses qu’il imposait au pauvre boucher, avait été Mahmir
En effet, le Chohet lui imposait plus que ce que prescrivait la Halakha. Le Beth Din du Rav Salanter trancha alors que, malgré les bonnes intentions qu’avait sincèrement eu le Chohet, ce dernier devait réparer le tort causé
et ainsi venir en aide à la femme du défunt boucher, étant donné qu’il avait
imposé à autrui plus que la loi.
Des deux points qui précédent, nous déduisons un enseignement central:
1) Il est de notre devoir de respecter ce que la Halakha prescrit, mais pas plus.
2) Toutefois, celui qui veut être Mahmir a tout à fait le droit de l’être,
mais uniquement pour lui-même et sur son propre compte. De plus nos sages nous disent bien: Hamhmir TAVO ALAV HABERAKHHA…
En d’autres termes, la Houmra n’a de sens que pour autant qu’elle soit imposée par soi même et pour soi même:
Ce propos est particulièrement actuel en cette période de Pessa’h, période où il est impératif de bien distinguer ce que prescrit la Halakha de ce que peut s’imposer EN PLUS chaque individu qui désire faire preuve de Houmra pour lui même.(voir Yabiya Omer, Hazone Obadia du Admour Obadia Yossef z.t.l.)
Que le propos soit bien entendu: être Mahmir est quelque chose de tout à fait positif pour autant qu’on n’impose pas la Houmra à à titre de Halakha et, qui plus est, sur le compte et au détriment des intérêts de nos semblables.
CHABBAT CHALOM A TOUTE LA FAMILLE