Thèmes et mitsvotes
La paracha Tazriâ et la Métsorâ .Ces deux parachiyotes sont fréquemment lues ensemble le même Chabbate mais elles sont séparées quand l’année comprend un mois de Adar II.
Elles traitent de l’impureté dans des cas différents : après une naissance, lors de repas liés aux sacrifices, dans certaines tumeurs de la peau, plaies, brûlures, la « lèpre » des étoffes et des murs, le cas de perte de flux séminal chez l’homme et le cas des règles féminines. Elles précisent les procédures de purification pour chacun, en particulier pour le pauvre, et le rôle des Cohanim dans ces différents cas.
Fuir la médisance
« Lorsqu’il se forme sur la peau d’un homme, une tumeur, une dartre ou une tache pouvant dégénérer en une lésion ulcéreuse de sa chair… » (Vayikra 13 : 2). une maladie spirituelle à ne pas confondre avec la lèpre) est une punition sanctionnant sept péchés dont la médisance (Lachon Arah). La punition consécutive à la médisance est précisée dans le Psaume (101 :5) : « Quiconque calomnie son prochain, en secret, Je l’anéantirai… ». Le mot hébreu Atsmit (anéantir), explique la Guemara, est également un terme qui décrit la lésion ulcéreuse (Arkhin 16a).
pourquoi seul le Peuple Juif est-il puni ?
Une question s’impose : si la lésion ulcéreuse est une punition pour la médisance, pourquoi seul le Peuple Juif est-il puni de cette affection ? La médisance est pourtant très répandue parmi les autres nations, alors pourquoi ne sont-elles pas sanctionnées de la même manière ?
Réponse
Rabbi Chlomo Gantzfried explique que la différence fondamentale entre le peuple d’Israël et les nations c’est l’unité de notre peuple; l’unité est une caractéristique du peuple juif qui n’a pas d’équivalent dans les autres peuples et même lorsque l’on constate une certaine unité parmi les nations, celle-ci n’est pas comparable à la nôtre. C’est pour cette raison que seuls les juifs sont dénommés « Adam, homme » au singulier du fait que le sens de l’unité est profondément ancrée dans leurs gènes…
Et la médisance est punie plus sévèrement parce qu’elle entraîne la division justement dans un peuple où l’union doit se maintenir. Elle est une gifle infligée à l’essence même du Peuple Juif, ce qu’on ne peut pas dire dans le cas des autres nations et c’est pourquoi elle génère une punition aussi importante.
2ieme réponse
C’est également la raison pour laquelle la personne ainsi condamnée doit demeurer dans l’isolement total : « Il a entraîné la division, en conséquence, il doit être séparé du reste de la communauté (Arkhin 16b).
C’est également la raison pour laquelle la personne affectée par la lésion ulcéreuse est amenée devant « Aaron Hacohen, le Grand Prêtre ou l’un de ses fils » (Vayikra 13 : 2).
Aaron Hacohen représentait l’unité; il aimait la paix et l’harmonie et les recherchait sans cesse…
Les chiens n’aboyèrent pas
Les commentateurs expliquent que, pendant la plaie de la mort des premiers nés, les chiens n’aboyèrent pas à l’encontre du peuple juif, comme pour indiquer que celui qui commet l’infraction de la médisance est considéré plus négativement qu’un chien qui, lui, avait respecté le silence.
Les Mitsvots transférées à ton crédit
Dans le « Devoir des Coeurs », Rabenou Baya Ibn Pekouda, écrit que, lorsqu’au terme de sa vie, un homme se présente pour être jugé par le Roi des Rois, il peut trouver dans son « dossier » des Mitsvot qu’il n’a jamais faites; lorsqu’il se renseigne sur cette erreur apparente, il lui est répondu : « Les Mitsvot de tous ceux qui ont médit à ton égard sont transférées à ton crédit et tes péchés sont transférés dans leur dossier ».
Une petite anecdote
Rabbi Moshé David Solveitchik raconte l’anecdote suivante au sujet d’un homme de Brisk qu’on surnommait, en se moquant, « l’homme de vérité ». On l’avait appelé comme cela parce qu’il avait la réputation de toujours dire toute la vérité de telle sorte qu’il fit échouer des unions conjugales éventuelles en révélant trop de détails sur les prétendants au mariage.
Un jour, le Tsadik Rav Chalom Menaché, rendait visite au Rabbi Haïm Solveitchik à son domicile quand « l’homme de vérité » entra. Le Rav Menaché se retourna vers lui et dit : « Il n’y a pas de doute que la vérité est extrêmement importante. Nos Maîtres nous ont enseigné que la vérité apporte la lumière dans le monde. Cependant, il y a aussi des occasions où trop d’honnêteté peut détruire le monde. Tout ne mérite pas d’être toujours dit (Ouvdot Brisk).
Dans sa Yechiva, le Rav Yehouda Tzaddok institua une règle selon laquelle tout celui qui profèrerait une parole médisante devait aller l’avouer au Rosh Yechiva et payer une amende à chaque fois qu’il parlait négativement au sujet de quelqu’un. Les étudiants se conformèrent à cette règle et vinrent voir le Rosh Yechiva à chaque incartade.
Une anecdote
Un étudiant fut accusé par ses amis d’avoir fait un Lachon Arah, mais celui-ci refusa de l’admettre et, pour se défendre, il insista à répéter à huit reprises ses dénégations… L’affaire fut soumise au Rav Yehouda qui infligea au jeune homme une amende pour chacune des fois où il apporta sa contestation.
Lorsque l’étudiant s’exécuta, le Rav Yehouda apaisa l’étudiant en lui disant qu’il s’était acquis une part du monde Futur. Combien cela vaut-il de s’acheter un costume dans ce monde ? Et là, tu as acheté une place dans le monde éternel pour juste quelques pièces !
Il arriva même qu’une fois, le Rav Yehouda dépose une pièce sur la table devant ses étudiants les informant qu’il payait une amende parce qu’il craignait que, pendant une conversation qu’il avait eue la veille, il aurait pu dire quelque chose qui ressemblait à de la médisance.
Les étudiants étaient convaincus que leur Rebbe n’avait proféré aucune parole médisante… et ils comprirent que l’amende qu’il avait tenu à payer devant eux représentait une illustration pratique de la leçon importante, à retenir…
PARACHATH TAZRIY‘A
Parle aux fils d’Israël (benei Yisrael) en disant: Quand une femme concevra et enfantera… (12, 2)
Pourquoi fallait-il parler aux «fils» et non aux «filles» d’Israël (benoth Yisrael)? N’eût-il pas été logique de leur communiquer ces lois qui concernent directement les femmes? Selon de nombreux commentateurs, la Tora nous enseigne ainsi que la mitsva d’avoir des enfants incombe à l’homme, et non à la femme (Yevamoth 65b).
Pourquoi apporter un sacrifice après l’accouchement?
Sous cet éclairage, nous comprenons mieux la suite (verset6): «Et au terme des jours de sa purification, pour un fils ou pour une fille, elle apportera un agneau dans son année comme holocauste et un petit de la colombe ou une tourterelle comme expiatoire…» Pour quelle raison la Tora enjoint-elle à la femme d’apporter un sacrifice après l’accouchement?
Réponse
Car lorsqu’elle était en travail, en proie aux douleurs, répondent nos Sages (Nidda 31b), elle s’est juré de ne plus avoir de rapports intimes avec son mari. Elle doit donc apporter une offrande pour se libérer de son «vœu».
Cette loi, explique Rav Yehonathan Eybeschuetz, ne fait qu’attester le principe selon lequel la femme n’est pas soumise à la mitsva de procréation. En effet, si elle l’était, son vœu serait inopérant et n’en serait pas un, à l’instar du serment prêté par une personne de ne pas accomplir une mitsva qui lui incombe.
Voilà pourquoi «elle apportera un agneau…» Comme ce sont les «fils» – et non les «filles» – d’Israël qui ont l’obligation d’avoir des enfants, le vœu prononcé par la femme prend effet. C’est donc à elle de présenter un sacrifice pour s’en délier.
Quand une femme concevra et enfantera. (12, 2)
Rabbi Simlaï dit : « de même que la création de l’homme (eut lieu) après (la création de) tout le bétail, les animaux sauvages et les oiseaux, lors de la Création du Monde (Genèse 1), de même sa loi (celle de l’Homme) est expliquée après la loi concernant le bétail, l’animal sauvage et l’oiseau ». [Rashi 12:2]
Citant le Talmud, Rachi explique: «De même que la formation (yetsiratho) de l’homme, dans l’œuvre de la Genèse, a eu lieu après celle des animaux, de même les lois qui le concernent sont-elles énoncées après celles relatives aux animaux – domestiques et sauvages – et aux volatiles.»
La yetsira la beria
Pour quelle raison, s’interroge le ‘Hatham Sofèr, est-ce précisément pour les lois liées à la pureté et à l’impureté que la Tora expose celles concernant l’homme après celles relatives aux bêtes (formulées dans la section de Chemini)? Et pourquoi est-il question, dans cet enseignement, de la «formation» (yetsira) de l’homme, et non de sa «création» (beria)?
La yetsira souligne la nature physique et matérielle de l’homme, alors que le terme de beria exprime son essence spirituelle. Ainsi, la yetsira de l’homme – sa formation physique – s’est située après l’émergence des animaux, mais sa beria, elle, a précédé le reste de la Création.
C’est pourquoi, de même que «la yetsira de l’homme» a suivi l’apparition des animaux, lors de la Genèse, de même les lois le concernant succèdent-elles à celles s’appliquant aux bêtes. De quelles lois s’agit-il ici? Des lois relatives à l’impureté, laquelle dérive de la partie matérielle et physique de l’homme.
Quand une femme concevra et enfantera. (12, 2)
Selon l’enseignement du Midrach, la priorité accordée par la Tora aux lois concernant les animaux sur celles relatives aux hommes est suggérée par le verset des Tehilim (139, 5): «Tu m’as formé postérieurement et antérieurement.» Si l’homme est méritant, on lui dit: «Tu as eu la prééminence sur l’œuvre de la Création!» Et sinon, on lui dit: «Même le moustique t’a devancé! Le lombric t’a précédé!» (Vayiqra Rabba 14, 1).
La parabole suivante nous permettra de mieux comprendre cet enseignement midrachique:
Une métaphore
Ayant appris que le roi a décidé de venir visiter leur ville, les habitants s’empressent de nettoyer ses rues et de la rendre aussi plaisante que possible. Les responsables chargés de la visite arrivent, suivis du cortège des notables et d’une brillante escorte, derrière laquelle apparaît enfin le roi, dans toute sa splendeur. Il ne viendrait à l’idée de personne de dire que ceux qui ont précédé le souverain sont plus importants que lui. Chacun sait qu’ils sont tous à son service et soumis à son autorité. Bien au contraire, c’est en raison de sa suveraineté que tous ceux-là l’ont précédé, afin de préparer sa venue et lui assurer les meilleures conditions possibles.
*L’homme, créé le sixième jour de la Genèse après tous «les autres», est arrivé dans un monde soigneusement préparé et accommodé en son honneur. Toute la création n’avait émergé que pour lui, pour l’accueillir en son sein. S’il a compris le véritable but de sa venue au monde, il est «le premier» dans l’ordre de la Genèse. Il est alors véritablement celui «créé antérieurement». Mais s’il ne saisit pas son objectif spécifique, s’il néglige son statut de «diadème de la Création» et qu’il se conduit comme tout autre être vivant, il est celui «créé postérieurement», auquel on fait observer: «De quoi donc es-tu si fier? Même le moustique t’a devancé, lui qui a été créé avant toi! Et en réalité, tu es un être bien fragile, souffrant du froid et du chaud, à la différence du moustique et d’autres animaux qui ne pâtissent pas des intempéries. De quel avantage sur eux te targuerais-tu donc?!»
La Vie et la Mort
L’Eternel parla à Moshé en disant : ‘Parle aux enfants d’Israël pour leur dire que lorsqu’une femme conçoit et donne naissance à un garçon, elle sera « impure » pour une période de sept jours, comme durant les jours de la menstruation… Et le huitième jour, la chair de son prépuce sera circoncis ». [Lévitique 12:1-3]
Ainsi, la Torah nous enseigne les lois de l’accouchement, et les lois « de la pureté spirituelle » (tahara) et de « l’impureté spirituelle » (touma), qui en découlent.
La notion de touma et de tahara a déjà été évoquée dans la Torah, au sujet des animaux cacher. Par contre, les lois de niddah (période liée à la menstruation) n’ont jamais été mentionnées. Aussi, la formulation du verset est surprenante : « elle sera impure comme les jours de niddah », comme si ces lois de niddah avaient déjà été traitées.
Un second problème que soulève ce passage est l’obligation qu’a la femme d’apporter des sacrifices à la suite de son accouchement :
» Et quand seront complétés ses jours de pureté, pour un fils ou pour une fille, elle apportera un mouton dans sa (première) année comme holocauste (olah) et une jeune colombe ou une tourterelle comme sacrifice d’expiation… ». [Lévitique 12:6]
Le sacrifice olah est compréhensible, mais pourquoi la jeune mère doit-elle également apporter un sacrifice (‘hatate) pour une faute commise? Quel péché a-t-elle commis?
UN TEMPS POUR LE DEUIL
Mais le Ba’al HaTourim nous offre un commentaire surprenant. Il souligne que la séparation durant les sept jours qui suivent la naissance, qui est identique à la durée de séparation qui suit la menstruation de la femme, est comparable aux sept jours de deuil.
Cette idée, qui trouve son origine dans le Zohar, est compréhensible vis-à-vis de la menstruation : le concept du deuil durant sept jours est la réponse de l’homme face à la mort, et la période de deuil est une période de séparation par rapport à la société.
On peut considérer la période de niddah comme une sorte de deuil. En effet, le sang de la menstruation provient de la non-fécondation de l’ovule et témoigne en quelque sorte d’une naissance potentielle qui n’a pas abouti. Par conséquent, le Judaïsme, avec son attachement suprême à la vie humaine, va jusqu’à nous demander de réagir face à cette perte de vie potentielle. L’enseignement du Zohar dévoile ainsi un principe fondamental expliquant les lois de niddah, où mari et femme sont séparés et observent leur deuil personnel pour l’enfant qui n’est pas né.
Mais pourquoi le Ba’al HaTourim parle de deuil et introduit le concept de niddah (et du deuil qu’il symbolise) à un moment où la vie est donnée? En fait, la question peut être posée à propos du verset lui-même : pourquoi la séparation préconisée après un accouchement est-elle mise en parallèle avec la séparation de niddah? Si l’on s’en tient à notre analogie précédente, la période de niddah correspond à une période de « deuil » pour la perte de cet ovule non fécondé. Mais la naissance, c’est tout l’inverse! L’ovule a été fécondé, un enfant est né. Pourquoi évoquer le deuil? Pourquoi cette séparation?
RETOUR AU JARDIN D’EDEN
Afin de répondre à ces questions, penchons-nous sur les commentaires de Rashi concernant le premier verset de cette parasha. En citant le Midrash, Rashi nous fait observer :
Il y a semble-t-il un parallèle entre ces lois (de tahara et de touma) et la Création du monde. La référence au chiffre sept devrait nous alerter sur une possible connexion avec les sept jours de la Création. Le sixième jour, après que toutes les autres créatures furent créées, l’Homme fut créé. L’Homme reçut alors un ordre de D-ieu :
L’Eternel D-ieu ordonna à l’homme en disant : « de tous les arbres du Jardin tu peux manger. Mais de l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, tu ne mangeras pas de lui, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ». [Genèse 2:16-17]
Nous connaissons tous la fin tragique de l’histoire. Adam et Eve mangèrent de l’arbre de la Connaissance. Ils ne moururent pas immédiatement après leur transgression, mais ils devinrent mortels. La réponse de D-ieu au péché d’Eve nous éclaire sur notre sujet :
Et à la femme il dit : ‘Je multiplierai ta peine et ta grossesse, dans la souffrance tu accoucheras des enfants et vers ton mari (sera) ton désir et il te dominera’. [Genèse 3:16]
Au lieu de la mort « promise », nous avons une description claire de ce qui attend Eve, et en fait toute femme, durant sa grossesse et son accouchement.
Le Talmud enseigne que l’expression : « Je multiplierai ta peine » fait référence au sang de la menstruation, ce qui signifie que sans le péché du « fruit défendu », les femmes n’auraient pas eu du tout de cycle menstruel. L’accouchement quant à lui, aurait été un événement indolore, automatique, presque une conséquence immédiate de l’intimité physique.
Dans un monde parfait et idyllique, il n’y a pas de douleur, il n’y a pas de deuil. A présent, nous pouvons peut-être comprendre les commentaires du Ba’al HaTourim. Chaque accouchement nous rappelle le péché et la punition de Eve. Nous vivons dans un monde où la mort est inévitable et finalement chaque enfant né est destiné à mourir.
Ceci explique la séparation après l’accouchement et l’analogie avec la menstruation. Toutes deux résultent du même péché. Alors que la niddah réagit face à la vie potentielle qui a été perdue, la séparation après l’accouchement pleure la souffrance du processus de l’accouchement et la mortalité de l’enfant issu de ce processus.
La demande d’apporter un korbane ‘hatate (sacrifice pour une faute commise) devient maintenant évidente. L’accouchement est tellement lié au péché de Eve, qu’un sacrifice expiatoire s’impose (korbane ‘hatate).
Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi la période de séparation qui suit la naissance d’une fille est deux fois plus longue que pour un garçon. Après la naissance d’une fille, le deuil pour notre mortalité et la douleur sont beaucoup plus grands, car l’enfant né est non seulement la victime de la mortalité, mais également le transmetteur. Elle aussi mourra, mais plus déchirant encore, elle transmettra les conséquences du péché à la prochaine génération. A son tour, cette fille donnera la vie et donc la mort.
LE COMPTE À REBOURS
La Torah nous ordonne de circoncire au huitième jour, le fils qui vient de naître. Le chiffre huit représente ce qui est au-delà du monde physique, au-delà des sept jours de la « nature ».
L’idée de la circoncision est celle d’un homme contrôlant sa nature et ses désirs, en dépassant sa propre identité physique. En ce sens, la circoncision est une façon de parfaire la nature afin d’élever l’humanité.
C’est Adam et Eve qui, tout en succombant à leurs désirs, ont mis en mouvement la chaîne de la mortalité et de la douleur, et la Torah ici nous donne les moyens de casser cette chaîne.
Les lois de niddah comportent le compte de sept « jours propres » avant l’immersion dans le mikvé, mikvé dont les eaux sont appelées « mayim ‘hayim », ce qui signifie littéralement, « eau de vie ».
A un autre endroit, la Torah nous demande de compter : il s’agit du compte des sept semaines du omer, entre Pessa’h, le jour de la libération, et Shavouot, le jour où la Torah a été donnée au Mont Sinaï.
Le Zohar (Vayikra 97 a-b) compare le compte des sept jours de pureté de la femme au compte des sept semaines de l’omer. Tout comme une femme compte le temps qui sépare la Toumah, « l’impureté spirituelle », de la Tahara, « la pureté spirituelle », de même, les enfants d’Israël comptent la période qui s’écoule entre leur départ de cette terre de souffrance et d’impureté qu’est l’Egypte, et le don de la Torah au Mont Sinaï, point culminant de cette ascension spirituelle.
Quand une femme sort du mikvé, elle s’unit à son mari, et cette union est une opportunité qui va peut-être donner une nouvelle vie. Quand les Juifs ont rencontré D-ieu au mont Sinaï, ils ont formé eux aussi, l’union qui a donné naissance à un espoir et à une vie nouvelle.
La métaphore comparant la Torah à l’Arbre de Vie, et parfois à l’eau, a été répétée à maintes reprises. Au mont Sinaï, les Juifs ont reçu la Torah, le véritable élixir de vie.
Adhérer à la Torah permet à l’homme de rester en union avec D-ieu. Viendra le moment où le monde entier acceptera D-ieu et sa Torah, la mort deviendra alors un élément du passé, comme Isaïe l’a prophétisé :
A jamais il anéantira la mort, et ainsi le D-ieu Eternel fera sécher les larmes sur tout visage… [Isaïe 25:8]
Alors en ce jour, il n’y aura plus de mort, ni de douleur.
Le rabbin Ari Kahn, un disciple de Rav Yossef Dov Soloveitchik, est diplômé de la Yeshiva University. Il se consacre actuellement à l’enseignement à Aish HaTora ainsi qu’à l’Université Bar Ilan, où il est Directeur des programmes pour étudiants étrangers. Il donne fréquemment des conférences aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud pour le compte de cette université et d’Aish HaTora.
Tazria (Lévitique 12-13)
Choisir entre la douceur et la douleurand#8230;
La Paracha de la Tazria et Metsora traitent essentiellement du problème de la Tsaraat (lèpre). Il s’agit en fait de manifestations cutanées blanches, qui sont impures. Nos Maîtres nous enseignent que cette maladie n’était pas naturelle. Elle venait en punition à différents types de fautes. Traditionnellement, on admet que c’est la médisance qui est essentiellement la cause de cette punition. La Torah, décrivant cette maladie, affirme : « Ce sera une infection lépreuse sur la chair de sa peau. Il sera amené au Prêtre… » (Lév. 13:2).
Le mot hébreu ‘Or signifiant peau, peut aussi se lire Iver signifiant aveugle. | |
Lorsque D.ieu a créé le monde, la Divinité était dévoilée et chacun pouvait ressentir le Créateur. Mais, après la faute d’Adam, la Divinité s’est dissimulée sous le voile d’un monde naturel. La nature dissimule des yeux de l’homme la véritable force divine qui donne vie à chaque entité. C’est à cela que font référence ces « tuniques de peau » (Gen. 3 :21), que D.ieu conçut pour Adam et Eve. Tout s’est dissimulé par ces vêtements de peau voilant la profondeur du monde, de même que la peau voile la profondeur de l’homme. Les individus sont devenus « aveugles », ne percevant plus le Souffle divin vitalisant l’univers. D’ailleurs le mot hébreu ‘Or signifiant peau, peut aussi se lire Iver signifiant aveugle.
Mais malgré tout, la peau des petits orifices, les pores, à travers lesquels l’air pénètre le corps. De la même manière, la « peau » de la création, cette nature qui voile la Divinité, possède aussi des « orifices » à travers lesquels il est possible de percevoir la Providence Divine. Il suffit de le vouloir et de fournir des efforts. Cela, tel un homme qui regarde par le trou de la serrure et qui ne voit ce qui se passe à l’intérieur que de façon très réduite.
Mais, si les « pores » du monde sont bouchés, c’est à dire, si un homme pense que tout ce qui lui arrive n’est que pur hasard naturel, ce qu’à D.ieu ne plaise, cela constitue « une infection lépreuse sur la chair de sa peau ». C’est à dire que la « peau » dont on a parlé est atteinte d’une infection qui bouche les orifices. C’est cela cette Tsaraat, cette lèpre dont il est question dans nos sections. Un tel phénomène peut arriver justement à cause des fautes. Car, si un homme faute, c’est qu’il pense que D.ieu ne le voit pas et que le monde suit son cours sans qu’il n’y ait de Juge. Dès lors, les petits orifices sont bouchés.
A l’époque, ceci se manifestait justement par les infections cutanées qui bouchent réellement les pores de sa peau. Mais, cela ne fait que refléter ce qui s’est passé de façon spirituelle. C’est d’ailleurs pour cela que la lèpre se dit « Seguirou » en araméen. Ce terme provient de « Soguer », signifiant fermer, allusion à l’obstruction des orifices.
Cette idée est exprimée de façon plus claire dans le Zohar qui enseigne que le lépreux a, par ses fautes, bouché les conduits permettant à la divinité de s’exprimer en ce monde.
Un tel homme doit être amené devant le prêtre, dont le but est de lui enseigner que ce monde est en fait dirigé par D.ieu. Il implantera alors la foi dans son cœur. Le verset dit bien que « les lèvres du prêtre conserveront la connaissance et on s’enquerra auprès de lui de l’enseignement » (Malachie 2 : 7). De cette manière, il le guérira. Cet homme pourra alors discerner l’existence de D.ieu sous la « peau ». Le prêtre c’est celui qui ‘‘rouvre’’ le contact entre le haut et le bas.
Un Midrash enseigne que dans la Torah de Rabbi Meir il était écrit que : « D.ieu leur fit des tuniques de lumière (« Or » au lieu de « tuniques de peau (‘Or) ». En effet, les tuniques de peau symbolisent justement ce voile qui assombrit la présence divine. Mais, Rabbi Méir avait réussi à retirer la peau et le voile de chaque chose, de sorte qu’il saisissait la profondeur et la lumière. Pour lui, la « peau » était devenue lumière. Il avait atteint à la perfection le niveau décrit plus haut et percer la lumière qui se dissimulait sous le voile de la nature.A l’image de Rabbi Méir, le prêtre devait tendre vers ce niveau. C’est pourquoi, le prêtre portait plusieurs vêtements. Il s’agit de ces « vêtements de lumière » matérialisant le raffinement de sa personnalité. C’est pourquoi, celui qui était atteint de lèpre, dont la ‘‘peau’’ était bouchée, devait aller chez ce prêtre qui sait transformer la « peau (‘Or) » en « lumière (Or) »
Cette notion consistant à révéler la Volonté divine voilée dans l’opacité de la nature peut être également possible grâce aux fêtes et au Chabbat. | |
Cette notion consistant à révéler la Volonté divine voilée dans l’opacité de la nature peut être également possible grâce aux fêtes et au Chabbat. Ces jours rappellent bien l’omniprésence de D.ieu et sa Providence dans le monde. Ces moments permettent à l’homme d’ouvrir les yeux et de ressentir le Créateur dans la création.
Lorsque la Torah, parle de la lèpre, elle emploie les termes de « Negua Tsara’at ». Or, ces mots sont formés en hébreu, dans le désordre, des lettres des termes » Oneg Atseret », signifiant respectivement « délectation » et « arrêt ».
Traditionnellement, le Chabbat est appelée « délectation » et les jours de fêtes portent aussi le nom de « arrêt », puisqu’en ces jours, nous ne travaillons pas. La Torah fait ici allusion au fait que le Chabbat et les jours de fêtes sont précisément la contrepartie de la lèpre. Alors que celle-ci exprimait une sorte de voile à la Volonté divine se manifestant dans le monde, le Chabbat et les fêtes permettent au contraire de remédier à cette situation et de dévoiler le Créateur dans le monde. En ce sens, le respect de ces jours permet ainsi d’éviter d’être atteint de cette Tsaraat dont parle la Torah.
A ce propos, le Midrash rapporte que lorsque les Juifs entendirent les lois concernant les manifestations de lèpre sur la peau, ils furent saisis de terreur. Alors, Moïse les rassura et leur dit que tout ceci ne concerne que les impies. Quant à eux, ils peuvent se réjouir, manger et boire.
C’est qu’il existe deux façons pour prendre conscience de la Providence divine dans le monde. La première est la Tsaraat, qui survient précisément à cause du manque de cette conscience et qui rappelle à l’homme qu’il doit se repentir et reconnaître l’existence du Créateur. La deuxième est celle que l’on retrouve le Chabbat et les jours de fêtes, qui invitent l’homme à reconnaître la Providence de D.ieu.
Les impies, qui ne ressentent pas la sainteté et l’éclairage de Chabbat et des fêtes, leur prise de conscience doit forcément passer par la Tsaraat. Par contre, ceux qui ressentent l’élévation de Chabbat et des fêtes, peuvent percevoir la Providence de D.ieu par la joie qu’ils ressentent lors de ces moments privilégiés. « Ils peuvent donc manger, boire et se réjouir », lors de ces moments, sans avoir besoin de passer par les plaies.
Dans le même ordre d’idée, on peut expliquer un enseignement de nos Sages qui dit que pour acquérir un animal, il faut le tirer à soi. Pour se faire, il existe deux moyens : appeler l’animal pour qu’il vienne, ou le faire avancer par des coups de bâton. De même, lorsque D.ieu veut acquérir un Juif et l’inciter à se repentir, Il dispose de ces deux moyens. Il peut utiliser les coups de bâtons tel que la lèpre pour les réveiller. Mais, Il dispose aussi d’un autre moyen plus doux. Celui de les « appeler » pour qu’ils viennent. Cet appel fait référence au Chabbath et aux jours de fêtes, qui sont des « appellations saintes », des appels à la sainteté, permettant d’éviter les plaies.
Le début de notre paracha nous montre la place qu’occupe le précepte de la circoncision associé aux lois de pureté que doit observer la femme juive après un accouchement. Il s’agit de lois toutes aussi importantes les unes que les autres. Nous n’en comprenons pas toujours le sens mais leur mise en application a permis au peuple juif de survivre à toutes les vicissitudes de l’histoire, depuis les temps les plus anciens et jusqu’à nos jours.
Il est assez curieux d’apprendre que notre texte fait un lien entre les lois de pureté que doit observer une femme et le commandement de la circoncision dont nous avions déjà appris le principe dans Genèse XVII, 10 par lequel D.ieu disait au patriarche ABRAHAM : « Voici le pacte que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu’à ta dernière postérité : circoncire tout mâle d’entre vous. »
La suite de ce passage biblique nous indiquera également que le refus de circoncire est assorti de la peine de KARETH, le retranchement, la peine la plus lourde prévue par le législateur divin (Genèse XVII, 14). La même peine est également prévue pour quiconque n’observerait pas la pâque juive avec notamment l’interdiction de consommer tout ce qui est levé durant les huit jours de la fête, ou la personne n’observant pas le jour de KIPPOUR avec toute la rigueur qui s’y attache, et enfin, celle qui consommerait des graisses interdites comme nous l’enseigne la Torah dans Lévitique VII, 25.
Pour nous en tenir au texte de notre paracha, nos maîtres posent à juste titre la question de savoir pour quelle raison ce commandement relatif à la BRITH MILAH, la circoncision est-il présenté ici, en même temps que nous sont indiquées les lois de pureté qu’observent les femmes. Pourquoi cette répétition à cet endroit ? C’est Rabbi ‘HAYIM Ibn BATTAR, l’auteur du commentaire sur la Torah bien connu OHR HA’HAYIM qui nous donne la réponse suivante. Selon cet auteur, ce commandement vient nous enseigner que la circoncision peut avoir lieu même un chabbat. Or, ABRAHAM n’ayant pas encore reçu cette prescription ne s’est vu ordonner que le précepte relatif à la circoncision.
La question reste encore posée de savoir pour quelle raison est-ce au moment de traiter du cas de la femme mettant au monde un garçon que l’on évoque à nouveau la mitzwa de la circoncision ? C’est pour nous enseigner, selon Rabbi Isaac CARO dans son commentaire sur la Torah, TOLEDOTH ITSHAK publié à CONSTATINOPLE en 1518, que le but essentiel de la création de l’homme est de servir D.ieu. Il est donc naturel dans ces conditions, que dès sa naissance, la circoncision soit le premier des commandements de la Torah que l’homme se doit de réaliser. Sans la circoncision pratiquée rituellement et non comme un simple acte chirurgical, on ne serait pas totalement juif. Nous n’entrerons pas ici dans les points particuliers relatifs à ce commandement religieux.
Nous avons simplement tenu à le rappeler ici, du fait que ce chabbat, appelé CHABBAT HA’HODECH, précédant la néoménie du mois de NISSAN durant lequel nous célébrerons PESSA’H, une prescription très rigoureuse à l’époque du Temple interdisait à tout homme non-circoncis de prendre part au rituel de l’agneau pascal. En effet, la Torah dit : « Si un étranger habite avec toi et veut célébrer la pâque du Seigneur, que tout mâle qui lui appartient soit circoncis, il sera alors admis à la célébrer et deviendra l’égal de l’indigène ; mais nul incirconcis n’en mangera » (Exode XII, 48).
On peut comprendre cette restriction à l’égard de celui qui n’est pas circoncis. Il n’est pas question pour nous d’un problème d’exclusion. Cela est totalement étranger à l’esprit même du Judaïsme. On ne le répètera jamais assez. Mais il faut admettre, qu’en matière religieuse et cela ne saurait se discuter, s’agissant d’une règle d’origine divine, que la circoncision est bien le signe de l’alliance avec D.ieu, permettant par la suite à l’enfant juif de pouvoir pratiquer tous les autres commandements divins, n’ayant pas remis en cause celui de la circoncision lui donnant sa pleine identité religieuse. Disons en passant que cette condition de la circoncision est également imposée à tout individu d’origine non-juive désirant embrasser la foi juive. Il ne saurait être question d’une alliance ayant un caractère sacré, si celle-ci était mise en cause par le refus d’accepter la circoncision. Car il s’agit là du fondement même de la FOI JUIVE.
Ainsi, à travers la lecture des premiers versets de notre paracha ayant trait à la pureté de la femme après son accouchement et à la prescription de la circoncision, nous trouvons là un rapport direct avec la prochaine fête de PESSA’H. Celle-ci exige de notre part une véritable purification de nos maisons de toute trace de levain. Et pour être admis à la soirée pascale, comme cela se pratiquait autrefois à l’époque du Temple, les participants mâles devaient être circoncis pour bien marquer l’importance qu’ils attachaient à réaliser la volonté divine. C’est donc cet esprit de soumission qui devait également caractériser ceux, qui autour de la table familiale voulaient commémorer la sortie d’Egypte, rendant ainsi hommage au D.ieu d’Israël qui avait délivré leurs ancêtres du pénible esclavage enduré dans ce pays.
La lecture de nos textes bibliques parfois en inadéquation avec ce que nous appelons l’esprit moderne nous invite malgré tout, à travers ces lois de pureté connues sous le nom de TAHARAT HAMICHPA’HA, celles aussi relatives à la circoncision ou au respect minutieux des lois de PESSA’H, à nous obliger à une réflexion profonde quant au sens véritable de notre existence en tant que juifs. Quoique l’on en pense, dans un monde qui semble réfuter le sacré au bénéfice du profane, il nous paraît plus que jamais impératif de considérer que tous ces rites auxquels nous acceptons de nous soumettre ont véritablement forgé l’âme du peuple juif.
Dans l’adversité que représentaient les persécutions du moyen-âge poussées à leur paroxysme dans le GHETTO ou les camps de la mort, même dans les pires moments du régime communiste, aussi bien que dans les temps de paix vécus sur des terres souvent hospitalières pour les membres de nos communautés, partout, s’est manifestée la sollicitude de la providence divine pour continuer de nous protéger. Cela seul devrait donc justifier notre volonté de rester inébranlablement fidèles au message de D.ieu, source de bénédictions pour ceux qui acceptent d’en être les porteurs et les défenseurs.
Cette année marquera le soixantième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Bien des cérémonies ont déjà marqué la fin des camps de concentrations et d’exterminations dont AUSCHWITZ restera à jamais le symbole le plus douloureux et le plus frappant. En rappelant ces douloureux événements, nous ne pourrons nous empêcher de réciter avec émotion le texte de la HAGADA dans lequel se trouve cette phrase poignante : « Ce ne sont pas seulement nos ancêtres que le Saint Béni soit-Il, a délivrés ; mais nous aussi Il nous a délivrés avec eux. Il nous a conduits de l’esclavage vers la liberté, de la détresse vers la joie, du deuil vers la fête, des ténèbres vers la lumière, de la servitude vers l’affranchissement ». Ce sont là des expressions ancestrales gardant pour nous toute leur importance. Nous aurions tort de l’oublier.
HAPHTARA :
Comme nous venons brièvement de le rappeler dans le commentaire sur la paracha, nous lisons cette semaine un texte tiré du prophète EZECHIEL choisi par les membres de la Grande Assemblée pour nous préparer à la prochaine fête de PESSA’H. En ce chabbat appelé HA’HODECH, notre texte nous rappelle à juste titre que l’histoire véritable du peuple juif a commencé en Egypte. Quand la délivrance de son esclavage lui fut annoncée, il reçut l’ordre de compter tous les membres des familles pour la célébration de la pâque au moyen du cérémonial de l’agneau pascal, cérémonie en vigueur aussi longtemps que le Temple de JERUSALEM.existait. Par la suite, ce rituel s’est restreint à la table familiale du SEDER à laquelle, outre les membres des familles, on a l’habitude de convier ses amis.
Ce chabbat nous invite donc à nous préparer à l’entrée du nouveau mois de NISSAN durant lequel nous célébrerons la pâque. Il se caractérise par ailleurs par la lecture de ce chapitre XV tiré du prophète EZECHIEL. Celui-ci, au verset 18, nous annonce que le 1er Nissan, jour où autrefois on intronisait les rois en Israël, jour de l’inauguration du Tabernacle dans le désert, jour également où sera consacré pour l’éternité le Troisième Temple, qui lui, ne sera plus jamais détruit.
Dans sa prophétie, EZECHIEL nous laisse donc entrevoir un lointain avenir, où la route du peuple d’Israël sera éclairée, après une longue et obscure marche, parsemée d’embûches, durant des millénaires. Aussi, pour nous y préparer, EZECHIEL consacre-t-il pratiquement les derniers chapitres de son Livre à la description du culte tel qu’il sera pratiqué dans le Temple de l’Avenir. Par les précisions rituelles qu’il nous fournit, il vient raffermir notre confiance en D.ieu, guide Tout-Puissant, dirigeant notre Histoire.
Malgré l’ignorance ou le scepticisme que l’on peut manifester en relisant ces textes prophétiques, il nous faut nous convaincre de leur véracité en ne doutant pas de la réalité de la parole divine. Elle est destinée à nous faire croire dans l’espérance de jours meilleurs, dans un monde pourtant troublé. Notre mission est donc de croire, d’espérer en ces lendemains lumineux, jusqu’à ce que le dessein de l’Eternel finisse par l’emporter (Proverbes XIX, 21).
Quel que soit le temps que cela pourra prendre, face à l’éternité, le temps n’a qu’une importance relative. Un jour finira par venir où sera réédifié ce Troisième Temple, cette maison universelle où résonneront les prières prononcées par tous ceux qui souhaitent ardemment la venue du Messie et l’avènement d’une ère de paix instaurée pour toujours.
Notre Prophète, contemporain de la destruction du Premier Temple, vivant alors dans l’exil de Babylone, cherchait à travers ses contemporains, à nous faire comprendre l’imminence du retour du peuple sur sa terre en CANAAN. Notre génération, comme nous le rappelons souvent, a eu le privilège de connaître ce moment du retour sur la terre ancestrale. Il serait impossible de ne pas y voir la main de D.ieu.
Si, dans le passé, nous avons connu des malheurs, nous sommes en droit, en raison de cela, d’admettre et de croire que les autres promesses de bonheur formulées et annoncées par les prophètes de la Bible, trouveront elles aussi, au temps fixé, le moment propice à leur réalisation. C’est donc ce que nous devons ressentir en lisant le texte de notre Haphtara, pour nous préparer sérieusement et sereinement à la prochaine fête de PESSA’H., joyeuse et remplie de promesses.
Tazria |
Ecrit par Haï et Louna Chemla |
La Haftara de la Paracha Tazria nous raconte le miracle que le prophète Elisha a réalisé à l’époque des Rois d’Israël, en la personne de Naaman. Celui-ci était le général de l’armée d’Aram (Syrie); il était auréolé de la gloire d’avoir réussi à tuer à la guerre, le roi du royaume d’Israël, A’hab. Naaman était de belle apparence, et très orgueilleux : il fut frappé de lèpre.
Il apprit par l’une des servantes de sa femme, une jeune Juive qu’il avait capturé, que le prophète Elisha avait le pouvoir de faire des miracles et de le guérir de cette lèpre (cette capture serait aussi cause de sa lèpre). Naaman arriva donc en Erets Israël chez Elisha pour demander un remède. Il lui fit répondre qu’il n’avait qu’à se tremper 7 fois dans le Jourdain pour être guéri ! Devant un tel traitement, Naaman réagit tout d’abord en se fâchant, car il pensait que le prophète s’était joué de lui ; puis, il accepta, se trempa 7 fois dans le Jourdain, et fut totalement guérit de sa lèpre (le fait de se tremper dans l’eau du fleuve symbolisait, entre autres, qu’il se débarrassait de son orgueil démesuré. Il fut alors empli de gratitude envers le prophète Elisha et lui proposa une récompense. Ce dernier refusa toute récompense, Naaman devint alors un Guer Toshav, c’est-à-dire qu’il prit sur lui de respecter les 7 Lois Noa’hides. Nous assistons alors à un fait qui semblerait curieux de nos jours : il demanda au prophète, la permission d’emporter avec lui en Aram, un peu de terre d’Erets Israël, de dessous les pieds d’Elisha, afin de bâtir un Autel de Sacrifices pour D. ! En effet, Naaman avait tenté de convaincre Elisha de recevoir un cadeau en récompense de son miracle, et celui -ci avait refusé; or tout celui qui fait profiter un Talmid ‘Hakham de ses biens est considéré comme s’il avait offert un sacrifice de Tamid. Aussi, Naaman voulut au moins prendre autant de terre que ses mules pourraient transporter pour construire un Autel afin d’y offrir des sacrifices pour D. ! Cela démontre combien la Terre d’Israël était chère à ses yeux. Il reconnut que la Terre d’Israël était sainte, car c’est sur elle qu’il put guérir de sa lèpre. Il demanda la permission au prophète Elisha de prendre cette terre, car il ne voulait pas que l’Autel des Sacrifices qu’il se proposait de construire avec, soit entaché de quelque notion de vol ! Nous voyons combien la crainte d’Israël était grande chez Naaman, au point qu’il ne voulut pas prendre même quelques kilos de terre d’Erets Israël sans permission ! Car tant qu’Israël accomplit la Volonté Divine , il mérite que s’accomplisse la promesse : « D. inspirera la peur et la crainte de vous sur toute la terre que vous foulerez … aucun homme ne convoitera votre terre lorsque vous monterez en pèlerinage vers la face de votre Maître, D. ! » . C’est le signe que même la terre d’Israël (qui n’a pas de prix de vente) ne pourra pas vous être arrachée sans votre permission. Par contre, si vous ne respectez pas la Volonté Divine vous aurez : « Nabuchodonosor emporta de Jérusalem tous les trésors de la Maison de D., ainsi que les trésors du palais royal…». Nous voyons à quel point le miracle de la guérison d’Elisha impressionna Naaman ! Nous constatons également quel respect un non-juif a pu éprouver pour le peuple Juif et ses prophètes au point qu’il demanda la permission de ramasser de la terre d’Erets Israël pour la ramener avec lui ! Mais la condition nécessaire au respect des non- juifs pour le peuple Juif, ses Sages et sa Terre, passe par notre observance de la Tora et des Mitsvot . Malheureusement cette histoire a une suite. Elisha avait un serviteur nommé Gué’hazi. Celui-ci avait grandi à l’ombre de son maître et connaissait la grandeur de ses actes. Mais ce serviteur avait un goût prononcé pour l’argent. Il se dit qu’il était dommage de laisser filer tous les biens que Naaman s’était proposé de donner à Elisha ! Il courut donc après Naaman, à l’insu de son maître et lui fit comprendre qu’Elisha s’était ravisé et qu’il voulait bien accepter quelque chose en récompense du miracle. Naaman s’exécuta immédiatement et donna à Gué’hazi 2 kikars d’argent et 2 vêtements. Lorsque Gué’hazi retourna chez lui, il cacha tout le butin et se présenta devant son maître Elisha. Celui-ci ressentit immédiatement la forfaiture de son serviteur et l’invita à avouer. Mais Gué’hazi feignit de ne rien avoir fait. Elisha le maudit alors en lui envoyant à jamais sur lui et sa postérité la lèpre de Naaman ! Gué’hazi est cité dans la Michna comme n’ayant pas droit au Monde Futur ! En quoi sa faute était-elle si grande pour mériter une telle punition ? C’est qu’en faisant croire à Naaman qu’Elisha s’était ravisé et demandait de l’argent, il amoindrissait la grandeur de son maître. Il le diminuait au rang des autres « faiseurs de miracles » qui se font payer pour leurs résultats ! Le Meam Loez dont nous nous inspirons pour les commentaires de notre récit, nous explique que si Gué’hazi n’avait rien demandé, Naaman se serait converti au Judaïsme , et ne serait pas contenté des 7 Lois Noa’hides. Nous apprenons de cette histoire que nous devons nous acharner à « sanctifier le Nom de D. » par nos actions en ressemblant au prophète Elisha. Nous inspirerons alors au monde entier l’admiration pour la Tora et les Mitsvot. Nous verrons même les non-juifs nous demander la permission de prendre quelques kilos de terre sainte pour le Service de D.; et nous n’assisterions pas au spectacle lamentable de nous voir demander aux Goyim la permission de vivre sur notre terre ! Il nous faut fuir la conduite de Gué’hazi qui déshonore le Nom de D. en quémandant de l’argent en échange du Monde Futur ! Ceux qui suivent son chemin finiront déshonorés et mis au ban de notre peuple comme le furent Gué’hazi et sa famille. Le miracle de la guérison de Naaman continue d’avoir des effets dans toutes les générations : il a été incorporé au rite de nos prières. Ainsi lors de la bénédiction des Cohanim, lors de la cantilation accompagnant les derniers mots de leur bénédiction, les fidèles prononcent à voix basse une prière pour la bonification de nos rêves. Nous demandons ainsi que tous les rêves des Juifs soient orientés vers le Bien, s’ils ont besoin d’être « guéris », Guéris-les comme Tu as guéri ‘Hizkiaou, Roi de Yéhouda, de sa maladie, Myriam la prophétesse de sa lèpre, Naaman de sa lèpre, les eaux de Mara de l’amertume grâce à Moché , les eaux de Jérico grâce à Elisha… ». Nous savons que l’exil est aussi comparé à un rêve. Que nos prières soient acceptées et que de même que Naaman a été guéri de sa lèpre, que notre exil cauchemardesque se transforme en Délivrance véritable et complète avec la venue de Moshia’h très prochainement ! |