PIN’HAS
La paracha PINHAS contient 6 commandements positifs.
1) Lois concernant l’héritage.
2) Le sacrifice perpétuel.
3) Offrande de moussaf le Chabbat.
4) Offrande de moussaf le Roche Hodèche.
5) Offrande de moussaf à Chavouôt.
6) Sonnerie du chofar à Roche Ha-Chana.
LA FRUSTRATION
A la fin de la sidra de la semaine dernière, Balak et Bil’âm, frustrés de n’avoir pu maudire les Béné Yisraël conseille à Balak de lâcher les filles de Midyane dans le but de débaucher le peuple d’Israël. Bil’âm sait que «D’ieu d’Israël hait la débauche».
Il a livré à la débauche sa propre fille Kozbi, ayant pour mission spécifique d’entraîner Moché dans la faute.
Il est facile d’imaginer la joie de Bil’âm et Balak qui, font tomber 24 000 âmes parmi Israël. Ce n’est pas tout, Kozbi est abordée par Zimri, fils de Salou, prince de la tribu de Chimône, et l’accapare pour lui.
L’INSOLENCE
Le Talmoud rapporte
«Ayant amené Kozbi devant Moché, Zimri demande : est-elle interdite ou permise ? Si tu dis qu’elle est interdite, qui t’a permis la fille de Yitro» ?
Cette insolence plonge Moché dans un état de découragement si bien qu’il oublie, la halakha, (la loi) : «Celui qui s’accouple avec une Aramite, les défenseurs zélés ont le droit de le tuer».
Pinhas, rappelant la halakha à Moché, reçoit alors l’ordre d’exécuter la sentence. Pinhas use d’un stratagème il prend une lance qu’il cache sous son habit et, voulant rentrer dans la tente de Zimri, il déclare à ceux qui lui interdisaient l’accès que son but est de commettre, lui aussi, un acte de débauche avec Kozbi. Une fois dans la tente, il transperce de sa lance Zimri et Kozbi.
Pinhas arrive à rétablir ainsi la paix entre D’ieu et les Bné Yisraël. Hachem dit à Pin’has : « Je lui accorde mon alliance de paix »
Car il clarifia à nouveau les frontières (de la sainteté d’Israël). Par cet acte, chacun a réalisé l’ampleur des péchés qui avaient été commis.
POURQUOI MOCHÉ NE RÉAGIT-IL PAS ?
L’acte commis par Zimri est un acte de rébellion. Moché et les anciens pleurèrent en regardant la scène puisqu’ils savaient que toute tentative d’arrêter quelqu’un qui se rebelle ne fait qu’aggraver la situation (Michtav MeEliyahu).
Deuxièmement, Zimri ben Salou choisi réellement une façon pernicieuse de miner l’autorité de Moché. Le Talmud (Sanhedrin 82a) rapporte le contexte de cet acte de rébellion. Zimri amena l’étrangère en publique devant Moché et lui dit : « cette femme m’est-elle permise ? Si tu me réponds que non [puisqu’elle est étrangère] alors ta propre femme t’est interdite » (puisque Tsipora la femme de Moché était midyanite). Moché sidéré par cette attaque perd la parole, même si Zimri savait que Moché s’était marié avant la réception de la Torah et que Tsipora avait embrassé la foi d’Israel lors de la réception de la Tora au mont Sinai (Rachi sur Sanhedrin 82a).
Dans l’absence de réaction, Pinehas se leva et tua Zimri ben Salou et Cozbi. Hashem parle à Moché et lui dit : « Pinehas le fils de Eleazr le fils de Aharon le Cohen a apaisé ma colère … et voici que je lui accorde mon alliance de paix » (Bamidbar XXV, 11-12)
POUR SON D
Pourquoi la Torah écrit-elle ici » pour SON D. » ? La Torah aurait dû simplement dire « Il [Pin’has] a vengé D. « En fait le fauteur a un penchant naturel. Il veut fuir ses responsabilités. Il dit donc : » L’autre aussi a fait la même chose ! « .
C’est pourquoi, D. a formulé les 10 Paroles (que l’on appelle abusivement les 10 commandements en français), au singulier. Ainsi on a » Je suis TON D. « , … » Souviens-TOI du Chabbat » … » TU ne tueras pas « …
L’on doit donc considérer que les 10 paroles et la Torah nous ont été données à chacun, personnellement. On ne peut plus se défausser en remettant la faute sur quelqu’un d’autre.
Pin’has, lui aurait pu ne pas se mêler de l’épidémie qui touchait les Bné Israel, et de ses causes. Après tout, ce n’était pas le chef des Bné Israel. Il y avait Moché.
Il pouvait aussi se dire qu’à défaut de Moché, c’était à Aaron, le Grand-Prêtre choisi par D., ou même aux 70 anciens (sages) d’agir.
Légitimement, il aurait même pu se convaincre que la nécessité d’être modeste lui interdisait d’agir puisque des personnalités bien plus éminentes que lui étaient restées silencieuses.
Et bien, … NON !Pin’has a pris ses responsabilités, il a agi en l’honneur de D. La Torah écrit donc » SON D. « . Il a considéré Hachem comme SON D., il n’a pas fui.
A nous d’en tirer la leçon. Les Maximes des Pères nous disent bien » dans un endroit où il n’y a pas d’homme, efforce-toi d’être un homme « .
C’est une des caractéristiques de notre peuple, nous savons et nous devons assumer nos responsabilités.
Nous ne disons pas si le monde connaît des problèmes, c’est le destin, c’était écrit, il n’y a rien à faire.
Nous savons que nous pouvons agir, il suffit de se tourner vers notre Père, notre D., reconnaître nos erreurs et amender notre comportement envers Lui et envers notre prochain… L’action n’est pas réservée qu’aux grands de notre génération, chaque juif doit agir et aller dans la bonne direction.
Facile à dire, … mais ce n’est pas parce que la tâche est difficile que l’on ne doit pas essayer.
LA SUCCESSION
Moché approche de sa fin terrestre. Hachem l’invite à monter sur le Mont des Avarim pour contempler le pays promis aux enfants d’Israël et dans lequel il n’entrera pas. Moché s’inquiète alors de sa succession. Il s’adresse à Hachem qui sonde le cœur de tout être, pour nommer un homme sur la Communauté.
L’HÉRITAGE SPIRITUEL
Pourquoi n’est-il pas courant que des savants engendrent eux-mêmes des savants ?
Rav Yossef répond : » Pour ne pas leur permettre de dire qu’ils reçoivent la Loi en héritage » (Nedarim 71a)
Les fils de Moché n’ont pas hérité de leur père ni pour le remplacer ni pour remplir une autre charge. Ils ne sont même pas mentionnés lorsqu’il fut question du départ de Moché.
LA PASSATION DU POUVOIR
Quand Moché entendit Hachem offrir son alliance de paix à Pinhas, il fut préoccupé, avait-il l’intention de nommer Pinhas comme successeur ? Moché savait par expérience qu’un chef n’est pas un héros d’un instant mais un homme capable de considérer les problèmes avec une largesse d’esprit, une grande patience, une capacité d’écoute. Un guide doit être capable de prendre en considération des hommes qui ne vivent pas totalement selon la volonté d’Hachem et de ne pas les rejeter de la communauté. Moché est l’homme à la main de fer dans un gant de velours, qui aime d’un amour inconditionnel le peuple d’Israël même quand il faute contre Hachem et se détourne de la Torah.
Moïse ne voyait qu’un seul homme préparé pour cette tâche, son fidèle disciple Yéhochouâ (Josué).
HISTOIRE DE NOS SAGES
Rabbi Avraham Elimele’h de Karlin zal, naquit en l’an 5651 (1891) fut assassiné en sanctifiant le Nom divin le 14 Cheshvan 5703 (1943). Le saint Tsadik était une fois assis avec ses élèves le 7ème jour de Pessa’h en train d’étudier et de chanter des chants de louanges en l’honneur de la fête. Par intermittence, Le Rabbi commençait à gémir et à sangloter.
Quand ses élèves lui demandèrent ce qu’il se passait, quelle était la raison de ses sanglots, il expliqua : « J’ai beaucoup de chagrin car la fête de Pessa’h va bientôt s’achever et nous allons la laisser derrière nous. Y a-t-il pour les juifs une fête plus belle que celle de Pessa’h ? Pendant celle-ci nous sommes complètement attaché au Créateur. Quel que soit l’endroit où l’on se tourne on rencontre toujours une mistva comme les matsots ou l’interdiction du ‘hamets. On ne peut pas détacher son esprit de la fête.
« Mais maintenant » le Rabbi dit avec un sanglot, « nous nous rapprochons des jours habituels. Le manger du ‘hamets sera de nouveau permis… Mon cœur est lourd du fait de cette précieuse mitsvah que nous allons délaisser et je suis peiné de l’attachement de ces commandements dont nous devons abandonner ».
HISTOIRE DE NOS SAGES
Une fois, Rabbi Israël Baal chem Tov alla avec ses élèves au Beit Hamidrach d’une certaine ville. Lorsqu’il arriva à la porte, il se tint devant et dit : « Il est impossible d’entrer car l’endroit est plein de Torah, même l’air y est comble… »
Ses élèves restèrent stupéfaits et ne comprirent pas ce qu’il voulut dire. Le Baal chem Tov leur expliqua alors :
Il est écrit « Voici la règle de l’holocauste », c’est-à-dire quelle est la règle de la Torah qui s’élève (holocauste=Ola=élever en hébreu) ? C’est la Torah étudiée d’une manière pure et désintéressée, parce que Hachem l’a ordonné. L’enthousiasme, c’est le sacrifice qui nous est demandé. Il est écrit dans les Tikouné Zohar que la Torah qui n’est pas étudiée avec crainte et avec amour ne s’élève pas vers le Ciel.
C’est le cas de la Torah qui est étudiée dans ce Beit Hamidrach, elle reste figée entre les murs, c’est pour cela que l’air y est compressé, à cause du surplus de Torah à un tel point qu’il y est impossible pour nous d’y entrer.
HISTOIRES DE NOS SAGES
« Ne déshonorez point mon saint nom, afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël, moi, l’Eternel, qui vous sanctifie » (Vayikra 22:32).
Le séfer « Zichron Ya’akov » relate quelques unes des histoires héroïques des « cantonistes », ces enfants qui furent kidnappés de leur maison pour être incorporés dans l’armée du Tsar Nicolas.
L’officier de la brigade dans laquelle plusieurs cantonistes ont été placés attendait la visiste du Tsar en personne en l’année 5600 (1840). Il voulait lui montrer le travail magnifique qu’ils faisaient en « rééduquant » ces enfants juifs. C’est pourquoi ils préparèrent en l’honneur de la venue du Tsar une cérémonie de conversion baptiste en masse le long des bords de la rivière qui traversait la ville de Kuyzan en Russie.
Les enfants étaient amenés depuis le camps jusqu’à la rivière. Les prêtres de l’église russe, qui avaient revêtis leurs plus beaux habits de cérémonie, attendaient là-bas que les jeunes arrivent. L’attelage du Tsar approchait.
Lorsque celui-ci descendit de son carosse, il ordonna que les enfants rentrent dans l’eau pour y être baptisés. Ceux-ci répondirent d’un seul coeur et d’une seule âme: « nous ferons comme vous l’avez demandé! ».
Quand ils entrèrent tous dans la rivière, le Tsar fut stupéfait par la discipline et la vue fantastique qui s’offrait à lui. L’eau recouvrit les enfants mais…. que des bulles remontèrent à la surface.
Les enfants s’étaient tous noyés volontairement pour sanctifier le nom divin d’un seul coeur et d’une seule âme devant le Tsar Nicolas. C’est à ce propos qu’il est écrit: « …je le ramènera (mon peuple) des profondeurs de la mer » (Psaumes 68:23).
Chaque fois que Dieu fait des miracles c’est pour rappeler que l’homme peut lui aussi réaliser l’acte surnaturel par excellence : le respect et l’amour du prochain.
AFTARA
Le choix de cette Haphtara a été dicté par le simple fait que le prophète Michée y rappelle ce que Balak avait projeté contre Israël. La destruction de notre communauté a toujours constitué un projet séduisant pour ceux que gênaient nos qualités spirituelles. Il y eut différentes sortes d’individus: Laban, Pharaon, Amalek, pour ne citer qu’eux qui avaient souhaité notre destruction physique. Balak, sur les conseils de Balaam, s’est rendu compte qu’Israël pouvait aussi être atteint par ce qui lui était spécifique : sa recherche de la pureté, de la sainteté et le développement de ses qualités morales. Malgré les persécutions de toute nature auxquelles Israël dut faire face, il conserve l’espoir de se maintenir , ne fut-ce qu’en nombre limité, selon l’annonce faite par le prophète Michée : » Les survivants de Jacob seront parmi les peuples comme la rosée que D… envoie, comme l’ondée sur l’herbe, qui ne comptent pas sur l’homme et n’attendent rien des fils d’Adam « .
Dans sa longue et douloureuse histoire , Israël a pu faire l’expérience qu’il ne pouvait en définitive compter que sur la Providence, pour surmonter une situation difficile.