«Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, qu’Hachem, ton D…, les livrera, en ton pouvoir et que tu leur feras des prisonniers; si tu remarques, dans cette prise, une femme de belle figure, et que tu veuilles la prendre pour épouse,…….. elle pleurera ses parents, un mois entier. Alors seulement, tu pourras t’approcher d’elle…et elle deviendra ainsi ton épouse. » (Deutéronome XXI, 10-13)
La sidra de Ki Tètsè s’ouvre sur le combat le plus épineux que l’homme livre toute sa vie durant : le combat contre le yètsèr harâ (mauvais penchant).
Dans le Pirké Avot, Bèn Zoma disait: « Quel est le véritable héros? C’est celui qui sait vaincre ses passions. »
On raconte qu’un sage, ayant reçu un général vainqueur après une rude bataille lui dit : « Vous revenez d’une conquête simple et facile, préparez-vous à la bataille la plus difficile de votre vie! » Et, devant le grand étonnement du général, le sage précise : « Oui! le plus dur est de gagner le combat contre soi-même! » Combattre le yètsèr harâ n’est pas chose simple puisqu’il s’arrange toujours à mettre l’être en défaut par ses ruses et ses stratagèmes.
SURPRISE À NE PAS SOUHAITER
Toutefois, la Sidra parle d’une situation extrême où l’homme ne s’attend nullement à subir les attaques du yètsèr harâ étant en situation de danger, à un moment aussi grave que celui d’une guerre ; pourtant le yètsèr harâ l’attend : il prend les traits d’une femme captive.
David, après avoir livré bataille à Talmaï, roi de Guéchour, avait désiré épouser sa fille Maakha. De cette union est sorti Avchalom qui voulut tuer son père après qu’il eût pris ses concubines aux yeux de tout Israël, en plein jour. À cause [d’Av’chalom] plusieurs milliers de Bné Israël furent tués ce qui provoqua une division en Israël.
LA MAÎTRISE DES PASSIONS
Rabbi Yossi enseigne dans une Béraïta : « Un homme qui tente de satisfaire ses besoins, ses passions et ses tendances, ne fait en réalité que les rendre plus exigeantes ».
L’existence d’un tel enfant aux appétits grands et démesurés doit tirer son origine, nécessairement, du père qui lui a donné naissance. Ainsi, le père n’arrive pas à se retenir et contenir ses appétits en voyant dans la captivité une Yéfate toar (une femme de belle figure), qu’il l’épouse malgré les mesures édictées par la Torah pour le décourager. Mais ce faisant, il doit savoir qu’au bout du chemin, le fils qui naîtra de cette union sera lui aussi un être dont les tendances ne seront que mauvaises.
Aussi pour cette raison la Torah décide, pour le bien de cet enfant, de le faire mourir jeune mais innocent plutôt que coupable, plus tard.
L’UNION CONJUGALE
Le Zohar rapporte que les actes des parents ont une répercussion, puisque cet enfant est dans l’impossibilité de contrôler et maîtriser ses mauvaises tendances.
Le Zohar relate dans le même ordre d’idées le cas de Rav Yossèf qui arrive à Babèl, voyant des jeunes gens, non mariés, en compagnie de belles femmes sans succomber au péché, il leur dit : « N’avez-vous pas peur du yètsèr harâ? » Ils lui répondent : « Nous ne sommes pas affectés par la présence du mal. Nous venons du Saint des Saints.»
Ces jeunes gens apprennent à Rav Yossèf qu’ils sont le fruit de parents dont les pensées sont toujours saintes, non mêlées à de mauvaises pensées au moment de leur conception.
Le Talmoud (Baba Batra 91.b) enseigne à plusieurs reprises de purifier ses pensées et de les sanctifier au moment de l’union conjugale car les enfants qui naîtraient d’une telle union seront saints. Les pensées des parents déterminent ainsi l’orientation morale des enfants. Aussi, pour cette raison, quiconque prendrait pour épouse la femme Yéfat Toar, rencontrée en captivité, s’expose-t-il à avoir un enfant dont la conduite le mènerait à la mort, n’ayant pas la possibilité de réaliser une téchouva.
Le mauvais comportement de l’enfant puise son origine dans la faute des parents.
HISTOIRE DE NOS SAGES
Le roi Ménaché qui régnait sur le royaume de Yéhouda, érigea une idole à quatre faces à l’intérieur du Beit Hamikdach(Temple) en disant: « Quel que soit le point cardinal par lequel on entre, on peut l’adorer ». La Chékhina (présence Divine) quitta le Beit Hamikdach. Le feu céleste qui brillait au-dessus de l’autel s’évanouit, et les fruits d’or dont Chlomo avait orné le Temple et qui miraculeusement fleurissaient, se fanèrent .
* Il n’est pas d’atrocité devant laquelle Menaché reculât. En retour, Hachem livra Menaché aux mains des généraux assyriens. Ils enchaînèrent ces mains et ces pieds et le placèrent sur une mule de fer fabriquée à cet effet. Ils allumèrent un brasier sous la mule et le métal devint brûlant, de sorte que Ménaché souffrit grandement pendant le voyage qui le conduisait à Babel.
* Dans sa détresse, le roi juif fit appel à toutes les idoles qu’il avait coutume d’adorer. Voyant qu’elles restaient sans réponse, il dit: « Je me souviens que mon père ‘Hizkyahou m’enseignait: Lorsque tu seras livré aux tribulations et que toutes ces choses viendront sur toi… tu te tourneras vers Hachem, ton D., et tu écouteras sa voix » (Dévarim 4:30). Ménaché éleva alors la voix vers le Tout-Puissant: « Je vois maintenant que tous ces dieux sont faux, car aucun ne m’a répondu. Tu es le Maître de l’Univers, mais si tu ne me réponds pas, je proclamerai que tous les dieux sont semblables! ».
* Le Tout-Puissant dit dans le ciel: « Ce racha (impie) ne mérite pas que J’accepte sa prière ». Néanmoins si Je la refuse, de futurs baalé téchouva seront découragés, ils penseront: « Ménaché a voulu faire téchouva et il n’a pas été accepté ». Hachem allait accepter la tefila de Ménaché lorsque, dans le ciel, les anges intervinrent: « Maître de l’Univers, arguèrent-ils, la téchouva est-elle possible pour un homme qui a érigé une idole dans le Beit Hamikdach et a fait pécher la multitude du peuple? ». Les anges fermèrent toutes les fenêtres du ciel afin d’empêcher les prières de Ménaché d’atteindre le Trône Céleste. (Ce Midrach indique que les péchés de Ménaché empêchaient ses prières de s’élever vers le Ciel. En outre, il ne faisait pas téchouva de tout son cœur: il mettait Hachem à l’épreuve).
* Que fit D. ? Il creusa une petite ouverture sous Son Trône pour que les prières de Menaché puissent l’atteindre. Hachem accepta ses prières en raison de Sa grande miséricorde, et lui rendit miraculeusement son royaume ( bien que Ménaché ne le méritât pas).
Ménaché enleva les dieux étrangers, retira l’idole du Beit Hamikdach, et démolit tous les autels
idolâtres qu’il avait construits sur le Mont du Temple. Il restaura l’autel d’Hachem.