La sidra Ki Tavo
Traite dans son début de l’offrande des prémices, (havaat Bikourim). L’homme fait aussi l’apprentissage de la reconnaissance. En fait, il n’existe pas de défaut aussi grave que l’ingratitude, défaut qu’Hachem et l’homme répugnent. Et quiconque offre les prémices fait acte de reconnaissance envers le Créateur qui lui a donné la terre et ses richesses.
En prenant conscience de tous les bienfaits d’Hachem et de la réussite qu’Il lui a procurée, l’être doit alors se rappeler les moments de détresse et de souffrances qu’il a traversés afin que l’abondance du bien matériel ne lui fasse pas oublier qu’ Hachem est à l’origine de ce succès et de cette réussite.
Enfin, l’offrande des prémices permet de faire l’apprentissage de la vertu morale la plus appréciée par Hachem et par les hommes : il s’agit de la modestie. .En effet, l’offrande des prémices ne saurait-elle être faite que par la personne elle-même non par un intermédiaire.
La réussite matérielle ne doit pas faire oublier la soumission à Hachem qui ne peut s’exprimer qu’en présentant soi-même la corbeille de fruits.
Gagner le combat contre soi-même! .Combattre le yétsèr harâ n’est pas chose simple puisqu’il s’arrange toujours à mettre l’être en défaut par ses ruses et ses stratagèmes.
COMMENTAIRES DU SEDER DE ROCH-HACHANA
Le Talmud affirme le bien fondé de cette habitude :
Raba enseigne: puisqu’on a établi qu’un Simane, un signe, a
réellement un pouvoir et une signification, il convient à Roch Hachana de manger des grains de sésame (rouvia), du poireau (karti), des betteraves (silka), des dattes (tamré) et de la courge (kera). Et lorsqu’on mange le poireau on dit : que ce soit Ton désir, à Toi Éternel, que nos ennemis périssent (le simane, le signe provenant de la similitude phonétique entre les mots carti-sésame et yikaretou- qu’ils périssent), avec les grains de sésame (rouvia -beaucoup) on dit que nos mérites se multiplent, avec la betterave (salké) on dit que nos ennemis soient écartés (yistalekou), avec les dattes (temarim) que nos ennemis soient éliminés (yitamou) et avec la courge (kra), que le mauvais décret soit déchiré (kra) et aussi que nos mérites soient évoqués (likro). [ Horayot 12a ] Quel fossé sépare la puissance céleste de la synagogue, de la réalité terrestre de la nourriture !
Et voilà, – la réponse- c’est que notre table aussi s’est transformée en lieu de prière. Telle est en effet la force de cette journée à savoir que même à domicile, autour du manger on ne parvient pas à se détacher du caractère redoutable de ce jour. Chaque geste devient une prière, chaque acte, oui, chaque bouchée, se transforme en demande et en supplication. Telle est l’emprise de ce jour,
Voilà que nous avons amené la synagogue même, avec nous dans notre maison.
Le Sefat Emet propose le commentaire suivant:
A Roch Hachana, l’essentiel de la prière est de donner l’expansion à la Majesté Céleste et l’essentiel de la tefila consiste en ce que nous demandons: que Ton Nom soit sanctifié etc. Règne sur tout le monde etc.(textes de la prière) Quant aux choses matérielles et terrestres nous les demandons seulement, subtilement, à travers des allusions (à l’heure du repas).
Une dernière réflexion: Le miel provient de l’abeille et celle-ci le défend farouchement. Depuis l’aube de l’histoire jusqu’à nos jour l’industrie du miel est une des rares à ne pas avoir subi des changements de méthodes. Pour obtenir la délicatesse, si recherchée, il faut prendre toutes sortes de précautions, si l’on veut sortir indemne de cette aventure.
La chose la plus douce dans le monde est certainement que les actes soient bénis de résultats féconds; la bénédiction de notre main d’œuvre. La plus grande satisfaction ne provient pas des choses qu’on a reçues gratuitement mais justement de celles pour lesquelles on a peiné. C’est là qu’on trouve le miel.
Ce qu’on demande réellement à D. c’est que nos efforts ne soient pas vains. Que notre investissement dans la vie porte des fruits car rien n’est pire pour l’homme que la découverte que ses actes, voire sa vie, seraient stériles
HISTOIRE DE NOS SAGES
L’un de nos Sages raconte: « Un jour, alors que j’allais de ville en ville, je rencontrai un Juif qui ignorait la Torah et les Mitsvots et faisait peu de cas de son étude.
« ‘Mon fils, que répondras-tu à ton Père au jour du Jugement ? »J’ai une excuse valable, me dit-il. Je dirai que le Ciel ne m’a pas gratifié de l’intelligence requise pour l’étude de la Torah. »Quel est ton métier? lui demandais-je. Je suis pêcheur. Et en quoi consiste ton travail ? ‘On me donne du lin, avec lequel je fabrique des filets. Je les jette dans la mer et j’attrape du poisson. « Je lui dis: Si tu es assez malin pour fabriquer des filets et attraper des poissons, comment peux-tu prétendre que tu n’es pas capable de comprendre la Torah, dont il est dit: ‘Car la parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la pratiques (Dévarim 30:14)
« Il éclata en sanglots, se repentant sincèrement, et je le réconfortais: ‘Mon fils, il y en a beaucoup comme toi qui avanceront des excuses au jour du Jugement mais D. en démontrera à chacun la fausseté.’’