Il y a de cela environ 500 ans, les Kabbalistes ont révélé le sens mystique de Tou-Bichvat en soulignant que c’est le jour propice pour réparer la faute d’Adam et Hava (Ève). Le simple fait de consommer des fruits lors de la fête nous permet de contribuer à cette réparation (tikoun).
Bizarre ? Et pourtant… Dans Béréchit (chapitre 2, verset 15) la Torah relate qu’Hachem mit Adam et Hava dans le jardin d’éden pour « le cultiver et le garder ». La tradition orale nous enseigne que cela faisait partie des 248 Mitsvot positives face aux 345 Mitsvot négatives. De fait, Adam et Hava n’eurent que très peu de devoirs à accomplir : ils devaient « manger de tous les fruits du jardin » (Béréchit, verset 16), le seul interdit étant le fruit de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal (Béréchit, verset 17). Qu’est-ce que cela signifie ?
La Torah nous enseigne qu’Hachem créa le monde de sorte que nous puissions connaître le Bien en général et Sa bonté en particulier. Ressentir Sa bonté – s’attacher à D.ieu est la plus grande joie que l’on puisse imaginer. D.ieu nous donne la capacité de nous attacher à Lui en œuvrant dans le sens de Son plan pour la création. Tout comme nous nous sentons liés aux personnes pour le bien desquelles nous agissons, le service de D.ieu nous permet de nous lier à Lui. Et en vérité, servir D.ieu c’est aussi se servir soi, car cela procure un profond sentiment de plénitude et de bonheur. Si nous consommons et apprécions les fruits de ce monde dans l’esprit de servir D.ieu – car c’est ce qu’Il nous demande, alors nous l’honorons pleinement et nous nous attachons à Lui en cela. En acceptant avec reconnaissance et en jouissant consciemment des fruits de ce monde qui sont autant de cadeaux qu’Il nous fait. Car en fait, à la source de la vie juive, se trouve le plaisir : le bonheur de se lier à D.ieu..
Lorsque Adam et Hava ont consommé le fruit défendu, ils ont agi contre la volonté d’Hachem et du coup, ils se sont éloignés du véritable bonheur en brisant leur connexion avec Lui. Car le réel plaisir, ce n’était pas le bon goût des fruits, mais l’appréciation des dons de D.ieu. Ce Plaisir Absolu était le moyen de Le servir et de se lier à Lui. C’est d’ailleurs bien là la source de toute mauvaise action. Lorsqu’au lieu de considérer les plaisirs de ce monde comme un don de D.ieu, d’en profiter dans le service de D.ieu et d’en jouir comme un moyen de s’attacher à Lui, nous recherchons des plaisirs indépendants de toute relation à Lui. Pour simplement le désir égoïste de ressentir, nous, du plaisir et non dans notre relation à D.ieu.
Suite à leur erreur fatale, D.ieu a dit à Adam et Hava : « Parce que vous avez mangé du fruit de l’arbre que je vous avais commandé de ne pas manger, la terre est devenue maudite. » (Béréchit chapitre 3 verset 17). Hachem n’a pas puni la terre à cause de leur transgression, il a informé Adam et Hava que par leur approche pervertie des plaisirs physiques, ils avaient métamorphosé la terre de source de bénédiction en source de malédiction pour eux et pour leurs descendants.
Ceci nous enseigne que, selon la manière dont nous considérerons le monde physique, il sera soit béni soit maudit. Si nous le voyons comme le vecteur de notre relation avec D.ieu, le monde est en quelque sorte un pont entre le divin et l’humain ou, dans le cas contraire, peut s’ériger comme une barrière entre Hachem et nous.
Nous comprenons maintenant la teneur de la faute d’Adam et Hava, et nous voyons mieux comment nous pouvons contribuer à la réparer à Tou-Bichvat. Hachem souhaite nous donner le plus grand de tous les plaisirs, celui d’être connecté à Lui. Alors profitons-en pour ce Tou-Bichvat en prenant un fruit et, avant de le goûter, de le bénir : « Béni es-Tu, Éternel notre D.ieu, Roi de l’univers, qui crées le fruit de l’arbre. » En d’autres mots : « Toi, D.ieu, qui est la source de cette bénédiction. »
En agissant ainsi, nous exprimons notre reconnaissance pour cette nourriture que D.ieu nous a donnée. Et par cette bénédiction, nous révélons le divin qui se trouve dans le fruit : le plaisir physique transitoire est sublimé car il est pénétré d’un plaisir spirituel éternel. Dès lors, l’aliment ne nourrit plus seulement le corps, mais aussi l’âme. Libérons donc la terre de son destin d’être une malédiction pour nous, une barrière entre D.ieu et nous, et transformons-la en passerelle. Ainsi, elle redeviendra une source de bénédiction sous forme des plaisirs que D.ieu nous a accordés. Profitons de ce moment propice de Tou-Bichvat pour réparer la transgression d’Adam et Hava.
(Avec tous nos remerciements au Rav David Aaron Chlita pour son aide).
Aphorisme de Rabbi Chnéour Zalman z.t.l
Il est un seul et unique moyen de faire éclater la lumière au sein des ténèbres : le don au pauvre et l’étude de la Thora.