Nous savons tous que le Talmud et les décisionnaires de tous temps ont toujours réussi à actualiser les problématiques halakhiques de chaque génération. Tel est le génie de la Torah : il n’y a pas d’obstacle devant elle.
Vous avez remarqué que dans mes envois des Halakhot, je rapporte souvent plusieurs avis :
A) ceux qui sont plus rigoureux que la Loi (la Houmra),
B) ceux qui suivent la Loi (la Halakha),
C) et ceux qui sont très permissifs face à la Loi (la Koula).
Il est obligatoire lorsque l’on énonce des lois, de connaître les avis contraires et de maîtriser les différentes opinions des Poskim (décisionnaires) et le pourquoi de leurs divergences.
J’attire votre attention sur l’exemple d’une personne qui interdit ce que la Loi permet et je vous rapporte ici ce qu’ont transcrit les plus grandes sommités de la Torah.
A) Le Rambam Rabbi Moché Bar Maïmon z.t.l (1138-1204) et le Roch Rabbénou Acher Bar Yechiel z.t.l (1250-1327) ont écrit à ce sujet :
« Nos Sages sont très sévères et stricts lorsqu’une personne interdit ce qui est permis car, ce faisant, nous causons des pertes aussi bien financières que morales au peuple d’Israël ». « Nous devrons expliquer au tribunal céleste la raison pour laquelle nous avons créé des soucis et dire aussi pourquoi nous avons agi de la sorte.»
« Nous devons respecter un grand principe fondamental dans l’enseignement des lois de la Halakha : celui de nous baser sur le Talmud et sur les codificateurs des lois tels qu’elles ont été écrites par les plus hautes autorités halakhiques compétentes, et ne pas les déformer ». Ce serait, par exemple, le cas d’un Rav qui aurait exigé qu’on jette telle denrée ou vaisselle pour en acheter d’autres alors que ce n’est
pas prescrit….
B) Rabbi Acher bar Yechiel z.t.l et Rabbi Haïm Yossef David Azoulay z.t.l (1724-1806)
Ont souligné dans leurs Responsa : « Si une personne veut être plus stricte, qu’elle le soit pour elle-même et non pour les autres. Et que celui qui veut interdire soit compétent et apporte des preuves solides, car il rendra des comptes au Tribunal céleste. La Torah a pitié de l’argent d’Israël et des tourments que l’on peut lui causer ».
C) Rabbi Yaâkov Israël Ashkenazi Âmdine z.t.l et le Rav Yéâbets (1698 – 1776)
Le Rav Yéâbets z.t.l a confirmé : «Penser qu’on a le droit d’imposeraux autres la rigueur sous prétexte que Pessah ne dure qu’une semaine, est une très grave erreur. Particulièrement dans la conception de la Torah entière, car on doit transmettre la Loi dans sa juste vérité. Que celui qui veut être plus strict s’ impose cette rigueur à lui-même!»
D) Rabbi Eliezer Filkess z.t.l (1754-1826)
Rabbi Eliezer Filkess z.t.l a ajouté que : « Celui qui enseigne par erreur un interdit alors même qu’il s’agit d’une permission sera châtié par une punition identique à celle qu’il aurait méritée s’il avait permis un interdit. Car fauter contre l’homme est très grave : même Yom Kippour ne pourra pas effacer une faute commise envers son prochain, surtout si on elle a entrainé une perte d’argent ou une perte morale ».
E) Rabbi Abraham Yitshak HaKohen Kook z.t.l (1865-1935), a rapporté :
« Concernant les Kitniyot, nous n’avons pas le droit de chercher des ’interdits pour les autres. Ce n’est pas dans l’esprit de la Torah, surtout si ces gestes sont permis.» (voir les propos de Rabbi Haïm Vital z.t.l, le Maître de la Kabbale).
F) Rabbi Ôvadia Yossef z.t.l (1920-2013)
Rabbi Ôvadia Yossef z.t.l a rapporté les propos de Rabbi Haïm Palaggi z.t.l (1788-1869) : « Celui qui interdit ce qui est permis en viendra plus tard, qu’à D… ne plaise, à permettre ce qui est interdit ».
Et il a ajouté : « Si on ne transmet pas la Halakha dans sa juste vérité, on déforme non seulement les voies de la Torah, mais on s’écarte aussi de la vérité. Il n’est pas convenable de faire dépenser de l’argent ou de mettre en danger la santé du peuple d’Israël en imposant des restrictions qui ne sont pas inscrites dans la Loi. Et si Rabbi Yossef Karo z.t.l ou Rabbi Moché Isserlas z.t.l, auteurs du Choulhan Aroukh, ont permis certaines actions, comment pourrions-nous affirmer le contraire !?»
Rabbi Ôvadia Yossef z.t.l a aussi rapporté rapporté : « Les Rabbanim qui interdisent constamment ne maîtrisent pas suffisamment les textes et n’étudient pas conformément aux règles. Il est important qu’un Rav Mousmakh (décisionnaire) puisse énoncer La loi fidèlement, comme elle a été transcrite dans les Saints Livres de Halakha ».
גם הרב עובדיה, במהלך טקס הסמכת אברכים התייחס לפוסקים האוסרים כל דבר, ותלה זאת בכך שאינם לומדים מספיק
« זה חשוב שיהיה רב שיפסוק על פי ההלכה ולא רק על כל דבר אסור ואסור. רק למי שלומד תורה כראוי יהיה כוח להתיר כשההלכה אכן מתירה , זהו כוחא דהיתרא עדיף. תמשיכו ללמוד! תמשיכו לעיין. לא רק שולחן ערוך, לעיין גם בראשונים ובאחרונים. הכל תלוי בשקידה ובהתמדה! »
G) Rabbi David Feinshtein z.t.l.
Le fils de Rabbi Moché Feinshtein z.t.l, auteur du Iguérot Moché, déclarait en citant son père lors d’une visite en Israël : « De la même manière qu’il faut être vigilant dans les permissions, il faut avoir l’exactitude et la lucidité dans les interdits ».
H) Un enfant de trois ans peut tout aussi bien énoncer des interdits en raison de ses lacunes, de son ignorance et de son incompétence.
Qui va chercher les autorisations et la tolérance ? Ce sont les génies de la Torah, grâce à leur puissance analytique, leur discernement, leurs compétences, leur habileté, leur vertu, leurs qualifications et leur savoir-faire, car la force de la permission est supérieure à celle de l’interdiction.
REFERENCES DES HALAKHOT
A) et B) Références : Rabbi Moché Bar Maïmone z.t.l, le Rambam, dans ses questions réponses Yérouchalaïm Siman 694 page 369 et Téchouvat HaRambam Siman 224 ; Rabbénou Acher Bar Yechiel z.t.l, Le Roch, de la Guémara Nida chapitre 10 Siman 3 et dans son Séfer Piské Haroch perek 2 Siman 17 ; Rabbi Haïm Yossef David Azoulay z.t.l dans son Responsa Mah’zik Bérakha chapitre 467 Ot 5 et dans son Responsa Birké Yossef Siman 447 Saïf Katan 14.
C) Références : Rabbi Yaâkov Israël Ashkenazi Âmdine z.t.l dans son Séfer Yaâbets volume 2 Siman 65.
D) Références : Rabbi Eliezer Filkess z.t.l dans son responsa Téchouva BéAhava volume 1 Siman 181.
E) Références : Rabbi Abraham Yitshak HaKohen Kook z.t.l, HaRaya’h, dans son Séfer Orah MiChpat Siman 112 pages 123 et 124.
F) Références : Rabbi Ovadia Yossef z.t.l dans Yabiâ Omer volume 2 Siman 23 Ot 13 et dans Hazon Ovadia page 64 note 26, dans Yabiâ Omer volume 1 Section Yoré Déâ à la fin du Siman 3 ; Rabbi Haïm Palaggi z.t.l dans son Responsa ‘Hikré Lev section Hochen Michpat Mahadoura 2 page 180 Saïf 7.
G) et H) Références : Talmoud Babli Guémara Bétsa page 2b, Talmoud Babli Guémara Holine page 58a, Talmoud Babli Guémara Bérakhot page 60a, Talmoud Babli Guémara Érouvine page 72b, Talmoud Babli Guémara Nida page 59b ; Rabbi Chlomo Ben Yitshak z.t.l dans Rachi de la Guémara Bétsa page 2b ; Rabbi Yossef Karo z.t.l dans le Choul’han Âroukh section Ora’h Haïm au nom du Hamaguid z.t.l dans les Halakhot Pessah ; Rabbi Moché Elchaker z.t.l dans son Responsa Maharam Elchaker à la fin du Siman 112 ; Rabbi Abraham Avouch MéLissa z.t.l Rav de Frankfort dans son séfer Saré HaMéa volume 1 page 570 ; Rabbi David Haïm Chlouch z.t.l dans son responsa Hémdat Gnouza Koha Déhétéra Adif ; Rabbi Éliyahou Gaon de Vilna z.t.l dans son Séfer Even Chlomo chapitre 11 ; Rabbi Yéhyah ben Yossef Tsalah z.t.l le Maharits Rabbi du Yémen dans la Guémara de Bétsa Pérek Kama ; Rabbi Simha Mordékhaï Ziskined Ziv z.t.l (1824-1898) dans son responsa Hokhma Oumoussar Ot 93 à la fin de la Ot 15 ; Rabbi Tsélah Bar Yéhya z.t.l le Maharits dans son Séfer Péri Tsadik volume 2 dans Minhaguim ; Rabbi Tsidkiya Ben Abraham Harofé z.t.l dans Chiboulé Haléket Siman 112 ; Rabbi Yaâkov Halévy MéMouline Ségal z.t.l dans son Responsa le Maharil Siman 35 ; Rabbi Yéhyiel Mickal Halévy Epstein z.t.l dans Aroukh Hachoul’han section Yoré Déâ Siman 37 Saïfs 12 à 19 ; Rabbi Yitshak Hazan Chlita dans la Haggada de Pessah Ko Léhay lois de Pessah dans la préface ; Rabbi Yitshak BarChéchat z.t.l dans son responsa le Ribach Siman 126 et bien d’autres encore.
APHORISME DE LA LETTRE DU RAMBAN
Tâchons d’être plus exigeants et pointilleux envers nous-même qu’envers les autres.