(Exode XXV,L à XXVII,ig)
RÉSUMÉ.
1) La manifestation du Sinaï a donné au peuple la notion précise des tâches qu’Achem lui assigne : devenir une nation de Cohanim (prêtres)et un peuple saint. Dans sa vie sociale, comme dans sa vie individuelle, Israël est appelé à réaliser le plan divin tel qu’il ressort des communications que Moché a reçues
2) Dorénavant, la présence du Créateur doit effectivement diriger toutes les activités juives et la construction du Sanctuaire dont la Sidra nous entretient en est le symbole vivant.
3) Dans le désert, c’est à profusion que, librement, tous les Hébreux, hommes et femmes, apportent par des contributions volontaires et individuelles ce qu’ils ont de plus précieux et participent selon leurs capacités à la l’édification du Tabernacle.
Les objets destinés à figurer à l’intérieur du sanctuaire sont l’autel en or pur,
le chandelier à sept branches, la table en bois d’acacia ( chitîm ), (le tout constituant une enceinte d’environ 80 mètres sur 30) et la partie la plus importante appelée le Kodèch Akodachim « le saint des saints « .
La Paracha TÉROUMA contient 2 commandements positifs et une interdiction.
1) Construction du sanctuaire.
2) Ordonnance des pains de proposition.
3) Interdiction de retirer les barres engagées dans les anneaux de l’Arche Sainte
Aftara
1 Rois 5,26-6,13
Dans la sidra, il s’agit du Tabernacle édifié dans le désert par les enfants d’Israël à peine affranchis de l’esclavage égyptien; dans la haftara il est question du Temple construit par le roi Salomon, à Jérusalem.
Il y a lieu cependant de signaler, au delà des ressemblances, un certain nombre de points qui différencient le Temple du Tabernacle. Ce dernier, il est bon de s’en souvenir, a été demandé par Achem; c’est lui qui en a fixé tous les détails d’exécution et les a fait connaître à Moché, Il en fut tout autrement du Temple; l’initiative de sa construction appartient à David qui, sur les conseils d’Achem, laisse cependant à son fils Chlomo(Salomon) le soin de mettre son projet à exécution.
Cependant, les deux édifices furent à égalité considérés par Achem comme sa Maison et y établit sa résidence.
• La signification symbolique du Michkan
Le reflet du Michkan Céleste
Le Michkan terrestre est le reflet du Michkan Céleste d’Hashem. Chaque détail de son plan reflète un aspect du lieu de résidence d’Hashem dans les cieux.
Par exemple, Il a ordonné que le Michkan terrestre contienne des colonnes de bois de Chittim érigées droites. De même, la Torah décrit les séraphinS (anges) comme se tenant debout. De même que les Kerouvim du Aron exhibent leurs ailes déployées, ainsi les anges dans le ciel sont-ils décrits comme ayant des ailes (Yechayahou 6:2) Le Kodech Hakodachim (Saint des Saints), où reposait la Chékhina, ressemblait au Kissé Hakavod ( au trône céleste )lui-même.
• Le Michkan microcosme de l’univers
Le Michkan et ses ustensiles étaient un microcosme de l’univers, ce qui implique que la grandeur du Michkan égalait celle de l’univers tout entier, et que sa construction représentait un accomplissement aussi monumental que la Création elle même.
Voici quelques exemples des parallèles que l’on peut établir entre le Michkan et l’univers :
Les tentures supérieures et inférieures représentent le ciel et la terre.
L’eau du Kiyor correspond à l’eau sur la terre.
Le Mizbéah Haola (sur lequel les animaux étaient offerts en sacrifice) représente les animaux du monde.
Le Mizbéah Hakétoret symbolise toutes les épices.
La Ménora (candélabre) représente le soleil et la lune.
Les sept lampes de la Ménora correspondent aux constellations des sept étoiles, qui représentent le cours naturel des événements au sein de l’univers (chiva kohvei le’het).24
• Le Michkan à l’image du corps humain
La structure même du Michkan suggère aussi le corps humain, et ses ustensiles correspondent aux différents organes et parties du corps.
Le Aron correspond au cœur. De même que la vie d’une personne dépend de la vitalité de son cœur, l’importance du Aron, dans lequel les Louhot étaient encloses, imprègne le Michkan tout entier.
Les Kerouvim, (les 2 ange ,symbole d’Otsarénou) qui étendaient leurs ailes au-dessus du Aron,(l’arche) correspondent aux poumons protégeant le cœur.
Le Choul’han (la table)représente l’estomac.
La Ménora (le chandelier) représente l’esprit humain.
Les Kétoret (les encenses) trouvent leur parallèle avec le sens de l’odorat.
Le Kiyor (cuve d’ablution) suggère l’élément liquide au sein du corps.
Les tentures de peau de chèvre correspondent à la peau de l’être humain.
Les colonnes symbolisent les côtes.
Le Michkan était construit à l’image du corps humain pour nous enseigner que tout Juif, en se sanctifiant lui-même, devient un Michkan (lieu de résidence) pour la Shékhina.
Le Midrash explique ultérieurement que le Aron (l’Arche), le Choul’han (la Table) et le Mizbéah (I’Autel) représentent les trois positions d’élection dont Hashem a fait don au peuple d’Israël. Le Aron symbolise la couronne de l’étude de la Torah, le Choul’han représente la couronne de la royauté, et le Mizbéah symbolise la couronne de la Kehouna. Cette idée sera développée au cours des paragraphes suivants.
• Que symbolisaient les Kerouvim = Les Chérubins
Hashem a ordonné à Moché de prendre un lingot d’or de taille considérable et d’en tirer à la fois le Kaporet et les Kerouvim qui le surmontaient. Les Kerouvim n’étaient pas fondus comme des entités séparées, puis attachés au Kaporet, mais sortaient du Kaporet lui-même. Ils se faisaient face, étendant leurs ailes sur le Aron.
Bien qu’en règle générale, il soit interdit de faire une statue, les Kerouvim constituaient une exception car ils furent fondus sur un commandement spécifique d’Hashem.
Que symbolisaient les Kerouvim ? Le Aron, qui entre tous les composants du Michkan est le plus aimé, est l’image du Kissé Hakavod, En-Haut. Le Trône de Gloire dans le Ciel est entouré de Kerouvim : ainsi Hashem a-t-Il ordonné que sur terre des anges surmontent le Aron.45 Parce qu’il représente le Kissé Hakavod, le Aron était recouvert d’une étoffe de laine bleu ciel pendant la marche, afin que ceux qui le voyaient l’associent au Kissé Hakavod. (Les autres ustensiles étaient également enveloppés d’étoffes bleu ciel, mais ils étaient ensuite recouverts d’une housse protectrice en peau de tahach.
Le Aron, en revanche, était initialement recouvert de peau de tahach, puis d’une étoffe de laine bleu ciel).
Hashem annonça à Moché : « Ma Shékhina( présence divine) résidera entre les Kerouvim. Lorsque Je te parlerai, c’est de là qu’émanera ma voix. »
Le visage des Kerouvim était semblable à celui de deux enfants, un garçon et une fille. Lorsque les Bnéi Israël se rendaient en pèlerinage au Beit Hamikdash, lors des Yamim Tovim,(les jours de fêtes) le Paro’het (rideau de séparation qui préservait l’accès du Kodech Hakodachim) était ouvert. Ils pouvaient contempler les Kerouvim qui s’embrassaient alors. On leur disait : « Voyez combien le tout-puissant vous aime ! » Mais lorsque les Bné Israël n’accomplissaient pas la volonté d’Hashem, les Kerouvim détournaient leur visage.
• La Ménora et la vision Céleste =Le Candélabre
Hashem ordonna à Moché de faire une Ménora. Il lui dit « fabrique à partir d’un unique Kikar d’or, une Ménora à sept branches. La branche centrale ira jusqu’en bas, pour former une seule pièce avec le fondement. Chaque branche sera parée de trois gobelets, un calice ornemental et une fleur, tandis que sur la branche centrale quatre gobelets, cinq calices et trois fleurs apparaîtront.
Moché ne savait comment faire la Ménora. Hachem lui accorda alors la vision Céleste d’une Ménora de feu blanc, rouge, vert et noir. Hashem lui expliqua aussi comment la fabriquer. Mais malgré tout, Moché trouvait ardue l’exécution de ce commandement.
Hashem dit alors à Moché : « Tout ce que tu dois faire est de jeter le lingot d’or dans le feu. Frappe-le d’un coup de marteau, et une Ménora entièrement travaillée en sortira !
Moché prit un Kikar d’or, le jeta dans le feu et pria: » Maître de l’Univers, l’or est dans le feu. Fais de lui ce qu’il Te plaira !
Immédiatement, la Ménora dans son intégralité émergea
hors du feu.
• Ce que la Ménora symbolisait:
La Ménora représentait la sagesse de la Torah, qui est comparée à la lumière. « Car la Mitzva est une lampe et la Torah est une lumière. » (Michlé 6:23).
Un Juif pourrait croire qu’il peut observer loyalement les Mitzvot sans pour autant étudier la Torah. Pour montrer combien cette pensée est fallacieuse, Chlomo (Salomon)a comparé les Mitzvot à des lampes. Un lampe n’éclairera pas à moins qu’on ne l’allume. De manière similaire, on ne peut observer correctement les Mitzvot si notre comportement n’est pas éclairé et transformé par l’étude de la Torah. Celui qui manque de connaissance de la Torah est voué à la chute.
A l’appui de l’interprétation selon laquelle la Ménora symbolise la sagesse de la Torah, les commentateurs ont élaboré ce qui suit :
A) Elle était fondue d’une seule pièce. Ceci signifie que la Torah, dans son essence, est une. Toutes ses Halakhot (lois) et toutes ses Haggadot,(récits) représentées par les calices et les gobelets, émanent d’une même source.
B) Elle était faite d’or pur pour symboliser que la parole Hachem est semblable à l’or pur. Sans aucune scorie.
C) Les sept branches de la Ménora indiquent les sept livres de la Torah.
D) Selon une autre interprétation, les six branches de la Ménora correspondent aux six traités de la Michna (torah orale)et la branche centrale à la crainte d’Hashem dans le cœur de l’homme. Celle ci constituant le fondement de tout enseignement de Torah.
E) La Ménora comporte vingt-deux gobelets correspondant aux vingt-deux lettres grâce auxquelles la Torah est écrite.
F) La Ménora était située au Sud du Michkan car, dans le langage de nos Sages, » la Sagesse se trouve au Sud « . Placée face au Choul’han, (table)elle faisait allusion au support matériel nécessaire pour que resplendisse la sagesse de la Torah.
• ILS ME FERONT UN SANCTUAIRE
Mais quel besoin avait donc Achem d’une telle maison ? Auparavant ,[déjà, sans Tabernacle, Dieu était apparu aux hommes. Au mont Sinaï il s’était même manifesté au peuple d’Israël tout entier, et toujours sans maison. Alors pourquoi dorénavant lui en fallait-il une ?
Achem craignait qu’après cette manifesta ion grandiose que fut la Révélation au Sinaï le peuple d’Israël ne se croie abandonné par Dieu. Il redoutait qu’à l’instar de ce qui s’était passé avec le veau d’or, les enfants d’Israël se laissent entraîner à confectionner eux-mêmes une sorte de représentation de Dieu pour mieux se sentir en sécurité et mieux ressentir la proximité de Dieu. Il comprenait qu’il fallait au peuple un symbole, même modeste, qui puisse rappeler et situer la présence de Dieu au milieu de leur camp.
De plus, Achem tenait à ce que le peuple tout entier ait sa part dans l’édification de sa maison. Il voulait que tout un chacun puisse y participer par un don personnel, ait de la sorte l’impression de bâtir de ses propres mains une demeure pour Achem et en vienne à considérer réellement la maison de Dieu comme sa propre maison . Ayant contribué à donner à Achem un « abri » dans son camp, le peuple d’Israël était mieux à même de se sentir en confiance , de vivre en intimité avec lui, de recevoir avec joie ses instructions et ses encouragements, de percevoir à ses côtés un père à la fois tendre et ferme.
Le kior
Les encenses
• Commentaires
Basé sur le Rav Elie Munk z.t.l
ILS ME FERONT UN SANCTUAIRE. Rachi s’applique en premier lieu à écarter de cette phrase tout soupçon d’anthropomorphisme : Qu’ils fassent un sanctuaire à l’intention de mon nom (en l’honneur de mon nom). Mais certains penseurs, dont Nahmanide, estiment que Achem donna ordre aux enfants d’Israël d’ériger un sanctuaire sur lequel planerait la Chéhina, c’est-à-dire le reflet de sa majesté, dans la colonne de nuée. Cette présence divine au milieu des enfants d’Israël représente leur suprême consécration en tant que « nation sainte ». Achem, qui s’était manifesté publiquement et d’une façon spectaculaire au mont Sinaï, demeure auprès du peuple élu, mais sa majesté s’entoure dorénavant d’un voile qui la dérobe aux yeux du commun des mortels.
Le Livre de l’Exode, ajoute Nahmanide, est consacré au premier exil d’Israël et à la libération qui suivit. Mais celle-ci ne peut s’achever que par le retour à la patrie et au patrimoine des ancêtres. Cependant, les enfants d’Israël accédèrent au niveau des Patriarches dès la Révélation au mont Sinaï et la construction du tabernacle. Ils devinrent alors, comme eux, les supports de la Chéhina sur terre. L’exil était dès lors terminé, au sens moral et spirituel, rien avant le retour en Terre Promise. C’est pourquoi le Livre de l’Exode se termine sur l’acte de l’érection du tabernacle
Cependant, cette raison d’être du tabernacle ne nous explique pas la signification des prescriptions relatives à son aménagement intérieur et aux objets sacrés qu’il contient. Plusieurs conceptions ont été formulées à ce sujet. Maïmonide, fidèle à son système rationaliste, affirme que le tabernacle était destiné à éloigner les israélites du culte idolâtre et à, les orienter vers Dieu. Son sanctuaire et ses rites font partie du plan général qui a pour but de limiter le culte des sacrifices, vestige de la religion p2Cienne, en ne l’autorisant qu’à un lieu unique, le tabernacle, et, plus tard, le Temple de Jérusalem. Les objets sacrés contenus dans le tabernacle de même que sa structure interne sont expliqués dans la même perspective. L’objectif final est la formation spirituelle du peuple élu pour les grands idéaux proclamés dans la Révélation (Guide II,45).
Certains autres exégètes s’accordent pour reconnaître au sanctuaire une valeur symbolique ayant pour but d’élever les hommes à, un idéal précis de sainteté et de spiritualité. Toutes les parties du tabernacle et tous les détails du culte sacrificiel représentent des idées ou des principes spécifiques qui doivent s’enraciner dans l’âme des croyants. Telle est la méthode de S. R. Hirsch (comme celle de ‘ip, 15D et de nombreux autres auteurs), signalée ci-dessus, Comm. v. 3.
Pour les auteurs cabbalistes, le sanctuaire représente une esquisse de l’univers microcosme) qui nous révèle les plus profondes vérités sur la vie et sur le monde éternel. Par un acte de repli sur lui-même , effectué par amour pour son peuple élu, Dieu vient fixer sa résidence parmi lui pour lui prodiguer sa protection et sa bénédiction. C’est pourquoi le tabernacle reproduit dans sa structure, à une échelle infiniment réduite, la source universelle d’où émanent la vie et la bénédiction dans toutes les sphères de la création. Les pages suivantes apporteront certaines précisions à, cet égard. Cette conception est partagée, entre autres, par M. Isserles Is. Erama (Akeda, 48), S. Edels, Sabb. 98 b, Ben Attar et Malbirn. Pour plus de détails, cf. Con=. infra v. 22 et 31.
Les diverses opinions que nous venons de citer se recoupent avec les sujet de l’époque à laquelle les ordres concernant le tabernacle furent donnés. Alors que ceux-ci se situent dans le texte de l’Écriture avant le récit du péché du veau d’or, les sources midrachiques se basant sur la règle du Talmud (Pess. 6b) que la Thora ne suit pas l’ordre chronologique, affirment que la Mitsva du tabernacle fut ordonnée le dix Tichri, jour de Kippour, après la proclamation du pardon pour le péché du veau d’or qui avait eu lieu antérieurement. Selon les uns, l’érection du tabernacle servit alors de témoignage public de la réhabilitation d’Israël, selon les autres le tabernacle ne fut institué qu’à la suite du péché, car celui-ci démontrait la tendance du peuple à l’idolâtrie et la nécessité de l’élever au niveau du culte sacré de l’Eternel (Sforno, Intr. Lévit. ; Abarbanel Jér. VII,21). Mais il n’avait pas été prévu originairement, comme il résulte de la sentence du prophète Jérémie : «Je n’ai rien ordonné à nos ancêtres, le jour où je les ai fait sortir du pays d’Égypte, en fait d’holocaustes ou de sacrifices. Mais voici l’ordre, que je leur ai adressé, savoir : Écoutez ma voix, et je serai votre Dieu et vous serez mon peuple; suivez en tout point la voie que je vous prescris, afin d’être heureux» (VII,22). Ce point de vue se rapproche de la prise de position de Maïmonide, formulée ci-dessus.
D’un autre côté, le Zohar maintient, conformément au texte de l’Écriture, que les ordres relatifs au tabernacle précédèrent le péché du veau d’or. R. Sirnon benyohaï professe que le plan de la création prévoyait dès les origines l’implantation de la majesté divine au milieu des hommes. Certes, leurs péchés avaient rendu l’exécution de cet idéal impossible, mais, aussitôt après l’Alliance conclue avec Israël, l’Eternel ordonna l’édification de sa résidence. Puis, Moïse avait cru que le péché du veau d’or avait rendu ces ordres caducs, l’Eternel accorda pourtant son pardon et les ordres furent nouvellement confirmés). La première promulgation des lois du tabernacle conserva néanmoins sa place dès avant le récit du veau d’or car l’Eternel voulut, par amour pour Israël, «faire précéder le remède à la maladie, (le service divin au sanctuaire au péché d’idolâtrie R. Abr. Azoulaï dans son Conun. ,inrii iim sur Zohar Il, p. 224). Cette thèse, qui rejoint celle des auteurs cabbalistes, citée précédemment, est également adoptée par Nabmanide (Ex. XXXV,l), contrairement à Rachi XXXI,18.