Comme nous le savons, chaque homme a son libre-arbitre. Cela signifie que chacun a le choix d’opter pour tel ou tel comportement. Même si ce comportement est nuisible, l’homme est en droit de le choisir. Ainsi,
beaucoup de personnes croient qu’il y a un Gan Eden, qu’il y a un Guehinam, qu’il y a des récompenses ou des punitions, mais ils ne veulent pas faire Techouva, et changer leurs actes : »C’est MA vie ! Je fais ce que JE veux ! Ok, j’irai au Guehinam : c’est MON problème, et pas le votre ».
Certaines personnes décident de se suicider physiquement, d’autres se suicident ainsi spirituellement. Et ils ont raison : c’est leur vie, c’est leur Nechama, c’est leur choix. Ils le regretteront certainement ensuite, mais pour l’instant ils sont en droit de faire ce qui leur chante avec ce qu’ils pensent leur appartenir.
Malheureusement, c’est un peu plus complexe, et »nous sommes tous relies les uns aux autres » : »Kol Israël Arévim Zé Lazé ». L’homme qui se suicide physiquement doit, avant d’agir, considérer la peine qu’il va causer a ses parents, ses amis, etc. De la même façon, l’homme qui choisit le suicide spirituel doit prendre en considération…tout le peuple juif !
»Nous sommes tous relies les uns aux autres » signifie que les fautes que je fais ont une conséquence sur tout le peuple. De la même façon, la petite Mitswa que j’accomplis porte ses fruits sur tous les juifs du monde. Cela n’ est pas une vision de l’esprit, ou simplement de belles paroles, c’est une réalité : Quand quelqu’un est malade, d’autres récitent des Tehilims, ou font des Mitswoths pour que le mérite de ces actes apportent la guérison au malade.
Vous savez tous que la situation est maintenant difficile pour les juifs du monde entier. Une personne qui choisit un suicide spirituel, et décide de ne faire aucun effort dans la Torah et les Mitswoths, c’est une personne qui est capable de se dire : »Ce qui arrive a mes frères m’importe peu ». Ce comportement donne a nos ennemis la force de se lever contre nous, H’as Veshalom.
Quand, malheureusement, on entend chaque jour des blesses, des morts : il ne faut pas oublier que notre peuple ne fait qu’un et que nous avons donc une part de responsabilité dans ce qui arrive.
Rav Elh’anan Wasserman nous donne a ce propos un enseignement extraordinaire
: »Quand le peuple juif est en danger et que des personnes, qui peuvent avancer dans le judaïsme, se permettent de baisser les bras, elles transgressent l’interdit de la Torah : »Tu ne resteras pas impassible devant le sang de ton frère », car l’effort que fait chaque juif empêche le sang de son frère de couler, et permet de sauver le peuple. Ainsi, celui qui refuse d’avancer a ce moment-la se fait l’ami de l’ennemi, car il pourrait l’empêcher d’agir et de nous tuer, et il ne le fait pas »…
En d’autres termes, le suicide spirituel a des conséquences graves qu’il ne faut pas oublier… Cela ne doit pas nous démoraliser, mais au contraire nous donner l’élan qu’il nous manque parfois. Nous sous-estimons trop souvent la portée de nos actes, mais comme l’a si bien explique Rav Elh’anan Wasserman, chaque petit effort de notre part peut réellement sauver des vies !
Lorsqu’on entend qu’il y a un malade a l’hôpital, et qu’il est dans un état grave, qui ne prend pas une minuscule minute de son temps pour réciter un ou deux Tehilims (Psaumes) ? Eh bien chaque jour, a chaque moment, il faut avoir cette idée en tête : mes efforts peuvent sauver tout le peuple.
A chaque moment ou nous hésitons : »accomplir une Mitswa ou non ? Prendre sur moi d’avancer un peu plus, ou non », imaginons nos ennemis, pistolets et bombes dans la main, qui s’approchent de nos frères, et des haut-parleurs qui hurlent dans les rues : »N’y a t’il personne pour faire une toute petite Mitswa et sauver des vies ? »… Prenons un petit moment dans la journée, pour réfléchir, avancer et agir.
Qui sait quelles en seront les heureuses conséquences… ?
On raconte que le H’afets H’aim avait assiste a la cérémonie d’inauguration d’un hôpital. Des hommes très riches, s’étaient engages a offrir des lits, chacun selon ses possibilités. Le H’afets H’aim remerciait chaque donateur pour ce qu’il offrait, et le bannissait. Des élèves de la Yeshiva arrivèrent aussi a la cérémonie, et le H’afets H’aim leur fit véritablement un accueil royal.
– »Je ne comprends pas, demanda l’un des donateurs. »Combien de lits ont offerts ces jeunes gens pour que le Rav les accueille ainsi ? »
– »Ces jeunes gens n’ont offert aucun lit, bien au contraire, ils font en sorte qu’il y ait moins de lits : par leur étude, il y a moins de malades a soigner »
*** V O U L O I R … C ‘ E S T P O U V O I R ! ! ! ! ***
Nos Rabbanims
Suite a l’exceptionnelle visite de Rav Aharon Yehouda Leib Steinman (Chlita) en France : Un homme vint un jour trouver Rav Steinman, et lui raconta :
– »Mon père est mort, il y a plusieurs années, et il me vient souvent en rêve dernièrement. Je le vois pleurer, et il me dit qu’il se sent très mal la ou il est… Que doit-on faire dans un tel cas ? ». Rav Steinman expliqua a l’homme ce qu’il convenait de faire, et l’homme repartit.
Rav Steinman s’adressa a une personne qui avait assiste a la conversation, et lui dit
– »Pourquoi Ha-chem m’a envoyé ce cas ? Qu’est-ce que Ha-chem a voulu me montrer par-la ? Ha-chem m’a envoyé un message : »Sache qu’il est très honteux, pour un homme, d’être mendiant ( »shnorer »). Mais être mendiant auprès de son propre fils, c’est encore plus dégradant… »
Ha-chem m’a envoyé cet homme pour me dire : »Aharon ! Aharon ! Toi aussi, tu es sur le point d’être un mendiant chez tes propres enfants ! Tu viendras bientôt les supplier pour qu’ils récitent le Kaddish pour toi, pour qu’ils lisent des michnayoths pour ta Néchama… Mais pour l’instant, tu es encore vivant, tu peux de toi-même amasser des Mitswoths, pour n’avoir ensuite besoin de la pitié et de l’aide de personne… »
[Lorsque la Nechama quitte le corps, elle perd toute possibilité d’avancer, de progresser, et elle est jugée selon ce qu’elle a eu le temps d’accomplir jusqu’a la mort. Elle n’a plus aucune possibilité d’améliorer son jugement par l’étude ou les Mitswoths, mais il y a certaines Mitswoths, que d’autres font encore sur terre, qui peuvent lui être comptées comme un mérite. Il s’agit du Kaddish que les enfants font pour cette Néchama, de la Torah qu’ils étudient en son nom, du bon comportement des enfants du défunt.
C’est l’une des explications de ce que l’on dit a Rosh Hashana, jour du jugement : »Vivants et morts passent en jugement devant Toi ». On comprend pour les vivants, mais les morts n’ont-ils pas déjà été juges, une fois pour toutes, au moment du décès ? Entre temps, ils n’ont pas pu faire de nouvelles Mitswoths ou Avéroths, alors pourquoi les juger a nouveau ? Car chaque Rosh Hashana, on réajuste le jugement par rapport a la voie que prennent les enfants du défunt qui sont encore vivants, et par rapport aux Mitswoths que l’on fait en son nom.
Une Néchama qui n’a pas fait assez de Mitswoths, vient »mendier » auprès de ses enfants (en rêve) un Kaddish ou une autre Mitswa faite en son nom…]
Parashat WAYAKHEL-PEKOUDEI
LE MAITRE : LE RASSEMBLEUR
Notre paracha est inaugurée par ce verset : « Et Moïse rassembla toute l’assemblée de témoignage (éda) des enfants d’Israël… »
Moïse rassemble, Moïse est le rassembleur du « kahal » ou de la « kéhila », termes qui désigneront par la suite la communauté juive en diaspora. Et Rachi de commenter : « Moïse n’a pas réuni le peuple par la force, mais par sa parole ».
Moïse est initialement un homme de la force, voire un homme violent au nom de la vérité et de la justice. On se souvient qu’en Egypte il tua un Egyptien qui frappait un Hébreu, et qu’au puits de Madian, il utilisa son art du combat pour faire fuir des bergers irrespectueux des filles de Jétro. La remarque de Rachi est donc judicieuse, et révèle toute la puissance de caractère de Moïse qui refusa de suivre sa tendance naturelle (combien de religieux utilisent le mépris voire la violence à l’encontre de ceux qu’ils considèrent comme moins religieux ?).
Moïse rassemble par la voix, par le discours, par une parole de paix. Le véritable maître se reconnaît, non dans son érudition biblique ou dans sa capacité de citer tel ou tel folio de Talmud, mais dans la parole qui rassemble.
Le rassemblement de Kippour
Rachi précise que ce rassemblement eut lieu le jour de Kippour , le jour des Expiations, quand Moïse redescendit de la montagne du Sinaï avec les secondes Tables de la loi. Là aussi la remarque est riche d’enseignements. L’on se souvient qu’après la faute du veau d’or, l’Eternel au nom de sa justice absolue voulut créer l’identité d’Israël à partir de Moïse seul et de la tribu de Lévi, c’est-à-dire la tribu qui n’avait pas fauté. Le judaïsme aurait été alors un cercle initiatique pour justes parfaits. Mais Moïse s’opposa à ce projet élitiste. Pour lui, homme parmi les hommes, il fallait accepter qu’une collectivité soit formée de tout type d’individus, du plus juste au plus éloigné de la morale. Non pas pour rendre dérisoire la pratique du bien et de la vertu, mais parce qu’il existait un principe fondateur de l’Histoire : le repentir (téchouva). La violence religieuse n’est en fait que l’expression de l’impatience qui n’est qu’une composante du désespoir. L’espérance d’Israël sait que le temps est offert en pure grâce pour permettre aux hommes de vivre la fraternité. En rassemblant Israël le jour de Kippour, Moïse le Rassembleur soulignait la valeur incommensurable de chaque membre de la communauté. Les juifs connaissent la leçon, même s’ils ne viennent qu’à Kippour…
Shabbat Shalom !