Thèmes et Mitsvot
Les Parachiot Tazriâ et Métsorâ sont fréquemment lues ensemble le même Chabbat, mais elles sont séparées quand l’année a deux mois de Adar.
Elles traitent de l’impureté dans toutes sortes de situations : après une naissance, lors de repas liés aux sacrifices ; dans certaines tumeurs de la peau, des plaies, des brûlures, la « lèpre » des étoffes et des murs ; dans le cas de perte de flux séminal chez l’homme, de menstrues féminines. Elles précisent les procédures de purification dans chaque cas, en particulier pour le pauvre, et le rôle des Cohanim.
Fuir la médisance
« Lorsqu’il se forme sur la peau de quelqu’un une tumeur, une dartre ou une tache pouvant dégénérer en une lésion ulcéreuse de sa chair… » (Vayikra 13 : 2), la véritable maladie spirituelle est la médisance (Lachon Arah), l’un des sept péchés sanctionnés par une punition. Cette punition est précisée dans le Psaume (101 :5) : « Quiconque calomnie son prochain, en secret, Je l’anéantirai… ». Le mot hébreu Atsmit (anéantir), explique la Guemara, est également le terme qui décrit la lésion ulcéreuse (Arkhin 16a).
Alors une question s’impose. Si la lésion ulcéreuse est une punition pour la médisance, pourquoi seul le Peuple Juif en est-il puni ? La médisance est pourtant si répandue parmi les autres nations !
1ère Réponse : Rabbi Chlomo Gantzfried z.t.l explique que la différence fondamentale entre le peuple d’Israël et les autres nations, c’est l’unité de notre peuple qui n’a pas d’équivalent. C’est pour cette raison que seuls les Juifs sont dénommés « Adam, homme » au singulier du fait que l’unité est profondément ancrée dans leurs gènes…
Et la médisance est punie plus sévèrement chez nous parce qu’elle crée la division dans un peuple qui doit conserver sa cohésion. En fait, la médisance est une gifle infligée à l’essence même du peuple juif.
2ème réponse : C’est également la raison pour laquelle la personne punie doit demeurer dans l’isolement total : « Il a entraîné la division, en conséquence, il doit être séparé du reste de la communauté (Arkhin 16b). Et c’est aussi pourquoi la personne affectée d’une lésion ulcéreuse est conduite devant Aharon Hacohen, le Grand Prêtre ou l’un de ses fils (Vayikra 13 : 2). Car Aharon Hacohen représentait l’unité, il aimait la paix et l’harmonie et les recherchait sans cesse.
Les chiens n’aboyèrent pas
Les commentateurs expliquent que, pendant la plaie de la mort des premiers nés, les chiens n’aboyèrent pas à l’encontre du peuple juif. Cela pour nous souligner que celui qui commet l’infraction de la médisance est considéré plus négativement qu’un chien qui a respecté le silence.
Les Mitsvot transférées à ton crédit
Dans son Devoir des Coeurs, Rabbenou Baya Ibn Pekouda z.t.l écrit que, lorsqu’au terme de sa vie, un homme se présente pour être jugé par le Roi des Rois, il peut trouver dans son « dossier » des Mitsvot qu’il n’a jamais faites. Et lorsqu’il s’en étonne, il lui est répondu : « Les Mitsvot de tous ceux qui ont médit à ton égard sont transférées à ton crédit et tes péchés sont transférés dans leur dossier ».
Une petite anecdote
de Rabbi Moshé David Solveitchik z.t.l au sujet d’un homme de Brisk qu’on surnommait, en se moquant, « l’homme de vérité ». On l’avait appelé ainsi parce qu’il avait la réputation de toujours dire toute la vérité, si bien qu’il a fait échouer des mariages en révélant trop de détails sur les promis.
Le Tsadik Rav Chalom Menaché z.t.l rendait visite au Rabbi Haïm Solveitchik z.t.l quand « l’homme de vérité » est entré. Le Rav Menaché z.t.l s’est tourné vers lui : « Il n’y a pas de doute que la vérité est extrêmement importante et nos Maîtres nous ont enseigné qu’elle apporte la lumière au monde. Mais des fois, trop d’honnêteté peut détruire le monde. Tout ne mérite pas toujours d’être dit (Ouvdot
Brisk). Dans sa Yeshiva, le Rav Yehouda Tzaddok z.t.l a instauré une règle : celui qui profèrerait une parole médisante devait le lui avouer et payer une amende chaque fois qu’il parlait négativement de quelqu’un. Ses étudiants s’y sont conformés à chaque incartade.
Une autre anecdote
Un étudiant fut accusé par ses amis d’avoir fait un Lachon Arah, mais il refusa de l’admettre, répétant même à huit reprises ses dénégations. L’affaire fut soumise au Rav Yehouda z.t.l qui infligea au jeune homme une amende pour chacune des huit fois où il avait contesté. Et lorsque l’étudiant s’en acquitta, le Rav l’apaisa en lui disant qu’il s’était acquis une part du monde futur. « Ça vaut combien de s’acheter un costume dans ce monde ? Toi, pour quelques pièces, tu t’es acheté une place dans le monde éternel ! » Il est même arrivé une fois, que le Rav Yehouda z.t.l dépose une pièce sur la table devant ses étudiants, leur disant qu’il payait une amende parce qu’il craignait que, pendant une conversation qu’il avait eue la veille, il ait pu dire quelque chose qui ressemblerait à de la médisance. Ses étudiants étaient convaincus que ça ne pouvait pas être le cas et ils comprirent que cette amende payée devant eux concrétisait la leçon importante à retenir.
Aphorisme de nos Sages
Rabbi ‘Hanina ben Dosa disait : « Si ta crainte du péché est au-dessus de ta sagesse, alors ta sagesse se maintiendra ; mais si ta sagesse est au-dessus de la crainte du péché, alors ta sagesse ne se maintiendra pas.