Les Quatre Noms de La Ville
La paracha débute par le décès de Sarah Iménou (la matriarche Sarah). Le verset 2 peut se traduire comme suit :
- Sarah mourut à Kiryat Arba, qui est Hebron en terre de Cana’an.
- Avraham vint pour faire l’oraison funèbre de Sarah et pour la pleurer.
La fin d’un tsadik (juste) est un moment de grande intimité entre le Créateur et sa créature. La délicatesse de nos maîtres nous permet de comprendre dans ces mots, ce que cela représente. Sarah est morte à Kiryat Arba qui est Hebron ; le Yalkout (midrach) rapporte que cet endroit porte quatre noms :
- Mamré
- Echkol
- Kiryat Arba
- et Hebron.
Le Keli Yakar propose de rapprocher ces quatre noms des quatre causes de décès recensées par nos Maîtres.
- Une personne peut mourir par ses fautes
- ou par les fautes d’autres personnes (c’est le cas du tsadik que D… reprend en réponse aux fautes de sa génération).
- Elle peut mourir également parce qu’elle a atteint le terme de sa vie sans avoir commis de fautes.
- Elle peut enfin quitter ce monde, comme les Tsadikim dans un » baiser » du Créateur, dans un attachement définitif.
Le rapprochement envisagé par le Keli Yakar associerait le nom de Mamré au décès de l’homme par ses propres fautes, car le terme « Mamré » signifie en hébreu rebelle.
Le nom de Echkol concernerait le décès de l’homme. En conséquence, par les fautes d’autrui. En effet, les enfants peuvent parfois décéder en raison des fautes de leurs parents. En hébreu, les parents sont alors appelés » Chekoulim « , terme ayant la même racine que le mot Echkol (parents ayant perdus un enfant).
Le nom de Kiryat Arba ferait référence à la mort naturelle des personnes n’ayant pas commis de faute. Cette mort se caractérise par la désagrégation des quatre composantes de la personnalité humaine (Le chiffre quatre se dit « Arba » en hébreu).
Enfin le nom de Hebron que le Keli Yakar rapproche du mot hébreu « hibour » qui signifie attachement évoque le départ des Tsadikim dans un attachement total et éternel à leur Créateur. La précision de notre verset » Kiryat Arba qui est Hebron » prend dès lors tout son sens. La Torah veut ici nous éclairer sur le décès de Sarah Iménou. Elle est partie dans un » baiser « , dans un attachement absolu à son Créateur. L’Amour de D… est la marque indélébile que laissent nos Tsadikim, il est leur dernier message, leur dernier souffle de vie.
La seconde partie de notre verset relate le comportement d’Avraham Avinou.
Nos Avot (patriarches) ne sont que discrétion, les moments les plus pénibles de leur existence nous sont relatés avec une infinie sobriété, comme si l’essentiel était dans le non-dit, dans l’intimité de ceux qui ont accepté leurs enseignements. La grandeur de Sarah Iménou transparaît dans les mots de notre verset : « pour faire l’oraison funèbre de Sarah et la pleurer « .
Le Keli Yakar développe ce propos en soulevant quelques interrogations. Il s’interroge tout d’abord sur la place du nom de Sarah dans le verset. En hébreu, il eut été plus simple d’écrire » Pour faire une oraison et pleurer Sarah ». Il s’interroge ensuite sur la nécessité de citer Sarah. En hébreu, il eut été plus simple d’écrire « Pour faire son oraison et la pleurer « . Le commentateur poursuit son analyse de texte et se demande pourquoi le verset évoque l’oraison avant les pleurs. En principe, une personne endeuillée pleure son mort avant d’évoquer sa mémoire. Ces questions mènent le Keli Yakar à nous expliquer ce que signifie le départ d’un Tsadik ; pleurer un Tsadik n’a de sens que si l’on a conscience de ce qu’il représentait, car ce que l’on pleure c’est ce que l’on a perdu, et ce que l’on a perdu c’est sa grandeur. La grandeur de Sarah Iménou se retrouve dans son nom, et c’est pour cela que le verset l’a reprise. Sarah vient de Sar, qui signifie en hébreu, prince. Sa sagesse et sa connaissance du monde en avaient fait une princesse.
Nos maîtres nous enseignent par ailleurs que la perte de sa femme pour un homme, est assimilée à la destruction du temple de Jérusalem. C’est pourquoi Avraham Avinou n’a pleuré qu’après avoir réalisé que son Beth Hamikdach venait de disparaître, que son service Divin ne serait plus jamais celui que Sarah Iménou lui avait permis de réaliser. Les actes de nos Pères sont des indications précieuses. Ils nous invitent à réévaluer notre couple.
Haftara
1 Rois 1, 1-31
La Haftara et la Sidra nous relatent la vie de deux illustres personnages : Abraham et David, qualifiés tous deux d’une manière identique : « vieux et avancés en jours »
David, tout comme Abraham, doit, à la fin de ses jours, se préoccuper encore de l’avenir, assurer la continuité,
Abraham est soucieux avant tout d’une survivance spirituelle, il veut s’assurer que son fils continuera sa tâche de propager la foi en un D-ieu unique.
Chez David, prime pourtant, le désir d’assurer et de consolider le trône sur lequel il siège encore et qu’il sent menacé par son fils Adonia.
Dans leur préoccupation commune à propos de l’avenir, David et Abraham sont tous deux dans l’obligation pénible de trancher dans le vif et de rejeter un de leurs enfants