Dans la deuxième partie de la paracha de Matoth, nous prenons connaissance de la requête (auprès de Moïse) des tribus de Gad et de Ruben, qui possédaient de très nombreux troupeaux. Voici cette demande : « ‘Ataroth, Divon, Yaazer, Nimra, ‘Hesbon et Elalé, Sébam, Névo et Véon, ce pays que l’Eternel a fait tomber devant les enfants d’Israël, est un pays propice au bétail ; or, tes serviteurs ont du bétail.’ Ils dirent : ‘Si nous avons trouvé grâce à tes yeux, que ce pays soit donné en propriété à tes serviteurs. Ne nous fait point passer le Jourdain. (Nombres 32 ; 3-5).
Moïse leur répond de façon très véhémente :
« Quoi, vos frères iraient au combat et vous demeureriez ici ! Pourquoi voulez-vous décourager les enfants d’Israël de marcher vers le pays que leur a donné l’Eternel ? » (Nombres 32 ; 6-7).
Prendre possession du territoire
Moïse leur rappelle ensuite la faute des Explorateurs (Méraglim), qui découragèrent le peuple d’Israël de se rendre au pays de Canaan, ainsi que le châtiment que subit toute la communauté d’Israël. Puis il conclut : « Et voici, vous prenez la place de vos pères, engeance de pêcheurs, pour ajouter encore à la colère de D.ieu contre Israël ! Oui, si vous vous détachez de Lui, Il continuera encore de les laisser dans le désert, et vous aurez fait le malheur de ce peuple » (Nombres 32 ; 14-15).
Ruben et Gad lui répondent alors qu’ils sont prêts à installer leurs femmes et leurs enfants en Transjordanie, à y construire des parcs à brebis pour les troupeaux, pour participer ensuite à la conquête de la terre promise, et ce jusqu’à l’installation définitive de toutes les tribus. Seulement ensuite, ils reviendront prendre véritablement possession du territoire qu’ils demandent.
Moïse leur demande de confirmer fermement leur engagement et les autorise à installer leurs familles sur ces territoires. Une lecture superficielle de ce texte peut laisser penser qu’il s’agit d’un simple malentendu : Moïse n’a pas compris les véritables intentions de ces deux tribus. Mais après leurs explications, leur demande devient légitime.
Quatorze ans de séparation
Cette approche cependant comporte deux écueils. D’abord, s’il s’agit d’une simple confusion, pourquoi la Thora nous décrit-elle avec tant de détails la réaction de Moïse ? Ensuite, est-il imaginable que le plus grand des prophètes de tous les temps ait pu si mal comprendre les intentions des deux tribus ? Par ailleurs, les Midrachim sont très critiques vis à vis de ces deux tribus, malgré le fait que ces dernières aient parfaitement tenu leurs engagements. Le Midrach (Yalkouth Chimoni) relate que ces deux tribus ont suivi Josué tout au long de la conquête d’Israël, le raccompagnant même jusqu’à sa demeure. Alors seulement, ils repartirent retrouver leurs familles, après quatorze années de séparation ! Les raisons pour lesquelles le Midrach critique l’attitude des deux tribus sont résumées dans trois textes :
1- « Lorsque la richesse n’est pas directement attribuée à l’homme par D.ieu, mais est « arrachée » par lui, cette profusion ne lui portera pas réellement bonheur
Ce fut le cas pour les tribus de Ruben et Gad qui étaient très riches et possédaient de nombreux troupeaux. Ils étaient attachés à leurs biens matériels et c’est pour cette raison qu’ils se sont installés en ‘Houtz Laaretz (à l’extérieur de la terre d’Israël).
A noter : Pour autant, la Transjordanie n’a pas le même statut que les pays situés à l’extérieur d’Israël. En effet, ce territoire a également été sanctifié, mais d’une façon moindre qu’Israël proprement dit. C’est la raison pour laquelle ce territoire est, entre autre, exempté de la mitsva des Bikourims. Cet attachement aux bien matériels est la raison pour laquelle ces deux tribus furent exilées avant les autres, comme il est écrit dans les Chroniques (1 ; 5-6) : « Il déporta les Rubénites, les Gadites… Ce qui leur a causé ce malheur ? C’est qu’ils se sont détachés de leurs frères à cause de leurs troupeaux. » (Midrach Tan’houma, idem Rabba 22 ; 7).
2- « Il est écrit : ‘Le sage a le cœur à droite, le cœur du sot se trouve à gauche.’ » (Ecclésiaste 10 ; 2)
Le sage a le cœur à droite : C’est Moïse, qui possède une bonne évaluation des valeurs. Le cœur du sot se trouve à gauche : c’est le cœur des enfants de Ruben et Gad, qui ont interverti les valeurs : ils ont fait de l’accessoire l’essentiel et de l’essentiel l’accessoire. Ils étaient plus attachés à leurs troupeaux qu’à leurs enfants et ils l’ont exprimé quand ils dirent à Moïse : « Nous voulons construire des parcs à brebis pour notre bétail et des villes pour nos enfants. » (Nombres 32 ; 16). Moïse leur répondit : « Cette façon de voir les choses n’est pas la bonne. Faites de l’essentiel l’essentiel et construisez d’abord des cités pour vos enfants et ensuite des parcs pour vos troupeaux. » (Nombres 32 ; 24)
Les mains pleines
Et D.ieu leur dit (à Ruben et Gad) : « Vous êtes plus attachés à vos troupeaux qu’à vos enfants. Cela va entraîner que vos biens ne bénéficieront pas de la bénédiction divine. » C’est ce que les Proverbes (21 ; 21) expriment : « Des biens acquis avec précipitation ne jouiront pas de la bénédiction divine. » (Bamidbar Rabba 22 ; 9)
Le troisième texte du Midrach se trouve dans Vayikra Rabba (3 ; 1) et il exprime la prise de conscience de Gad et Ruben sur leur erreur : « Plutôt une simple poignée dans le calme que d’avoir les mains pleines en peinant et en courant après le vent. » (Ecclésiaste 4 ; 6). Rabbi Its’hak relie ce verset à Ruben et Gad, qui dirent, en entrant en terre d’Israël, voyant combien cette terre était bénie en semences et en arbres fruitiers : « Plutôt une simple poignée dans ce pays que les mains pleines en Transjordanie. » Les vives critiques que nous venons de citer doivent être comprises dans leur contexte véritable : les deux tribus qui sont ainsi jugées faisaient partie intégrante du dor Hamidbar, la génération du désert, cette génération sans précédent, qui vécut une proximité divine inégalée. Plus encore, comment comprendre de telles accusations, alors que ces deux tribus acceptèrent sans hésitation les exigences de Moïse, et furent la tête de lance de la conquête de Canaan, les proches de Josué, acceptant une séparation de leur famille pendant quatorze ans ?
Nos maîtres (Mi’htav méeliahou, Michnath Rabbi Aaron, Leket Si’hoth Moussar de Rabbi Eizik Sher) apportent, chacun dans son style particulier, un nouvel éclairage à cette question.
Il est clair qu’au départ, les intentions de nos deux tribus étaient parfaitement pures. Leur volonté était de trouver le meilleur endroit pour gérer leur fortune, et cela dans un seul et unique but : pouvoir ainsi s’adonner, sans souci matériel, à l’étude de la Thora et au service divin. Car ils voyaient dans leur réussite financière un cadeau de D.ieu destiné à leur faciliter leur avodat Hachem : le service divin.
La Thora nous dévoile ici un secret de vie :
Le souci exacerbé de s’assurer une sécurité matérielle, même s’il est mû par des intentions morales pures, et même s’il existe chez des hommes d’un très grand niveau moral, comporte un grave danger : celui de s’attacher à ces valeurs « techniques », perdant en court de route l’Esprit pour lequel on s’y était préoccupé. Moïse a immédiatement perçu ce danger.
Car même les raisons les plus valables et les considérations les plus pures n’étaient pas suffisantes pour justifier le fait de ne pas désirer entrer en terre d’Israël, ce qui signifiait renoncer à la sainteté de cette terre où D.ieu est présent à chaque instant. C’est ce qui explique la violente réaction de Moïse, destinée à leur faire prendre conscience de leur erreur. Le fait de mettre en avant les besoins du bétail avant ceux des enfants n’était que le symptôme de cette dérive vers l’attachement au matériel.
Les conséquences de leur fausse orientation furent grandes, même si ces hommes, d’un indéniable niveau moral, ont accepté la critique de Moïse, l’ont intériorisé au point de se donner corps et âmes dans la conquête d’Israël et ainsi de réparer leur faute initiale. Malgré cela, l’éloignement des autres tribus, associé au fait de vivre sur un territoire d’une sainteté moins importante, provoqua un déclin, une dégradation, qui par la suite, entraîna leur exil prématuré. Une autre remarque sur ce texte va nous permettre de découvrir un enseignement, spécialement intéressant pour notre époque.
Un passage étonnant
Les tribus qui se sont présentées devant Moïse sont celles de Ruben et Gad. Mais lorsque Moïse attribue les territoires de Transjordanie, une troisième tribu est mentionnée : « Alors, Moïse octroya aux enfants de Gad et à ceux de Ruben, ainsi qu’à la moitié de la tribu de Manassé, fils de Joseph, le domaine de Si’hon, roi des Amorréens et le domaine d’Og, roi du Basan. » (Nombres 32 ; 33) Rabbi Naftali Zvi Yehouda Berlin zatsal, Roch Yéchiva de Volozhin, (appelé par ses initiales le Netsiv, l’un des plus grands maîtres du 19ème siècle), explique, dans son commentaire « Heemek davar » (Deutéronome 3 ; 16), preuves à l’appui, pourquoi Manassé va lui aussi être installé en Transjordanie. Dans Devarim, Moïse raconte, avant son décès, les événements marquants qui se sont produits durant la période du désert. Le passage concernant l’octroi des territoires de Si’hon et Og est pour le moins étonnant. « Ce pays-là, nous en prîmes possession dans ce même temps. Depuis Aroer sur le torrent d’Arnon, plus la moitié du mont Galaad avec ses villes, je le donnais aux tribus de Ruben et de Gad. Et tout le Basan, où régnait Og, je le donnais à la demi-tribu de Manassé, tout le district de l’Argob, enfin tout le basan, lequel doit se qualifier terre de Rephaïtes. Yaïr, descendant de Manassé, s’empara de tout le district d’Argob, jusqu’aux confins de Gheshour et de Maaca, et lui donna son nom, appelant le Basan Boug de Yaïr, comme on l’appelle encore aujourd’hui. A Makhir, je donnais le Galaad. Et aux enfants de Ruben et de Gad, je donnais depuis le Galaad jusqu’au torrent d’Arnon. » (Deutéronome 3 ; 12-6)
Injustice ?
On le voit, Moïse commence par citer les terres accordées à Ruben et à Gad, puis intercale une longue description des territoires accordés à la demi-tribu de Manassé, pour reprendre ensuite la description des contrées transmises à Ruben et à Gad.
Pourquoi une telle interruption dans le récit ?
Plus encore, une étude attentive des textes montre que la demi-tribu de Manassé a reçu une superficie bien plus importante que les deux tribus ensemble. Pourquoi cette différence ?
Par ailleurs, à aucun moment, Moïse ne demande à Manassé le même engagement que celui de Ruben et de Gad. Injustice ?
Le Netsiv apporte un nouvel élément qui va nous aider à voir plus clair. Pour cela, il cite Avoth de Rabbi Nathan (27 ; 4) :
« Au début, on disait : le blé se trouve en Judée, la paille en Galilée et la balle en Transjordanie. » D’après lui, ce texte possède une signification allégorique : le blé représente les maîtres en Thora.
Le Midrach interprète les mots de la bénédiction d’Isaac (Génèse 27 ; 28), et voit dans l’expression « verov dagan » (littéralement : une abondance de blé), une allusion à la profusion des maîtres de Thora. Dans notre passage, il s’agit donc également des sages de la Thora. Leur niveau est très haut en Judée, moins en Galilée, et moins encore en Transjordanie, cette dernière contrée ne recelant que très peu de connaissances en Thora. Il ne s’agit pas d’un hasard, mais la sainteté d’un endroit le rend plus ou moins propice à la profusion de Thora qui va y régner. Le Netsiv poursuit en expliquant que Moïse a voulu compenser ce manque, afin de garantir l’avenir des deux tribus, Ruben et Gad. Car la présence de centres d’études de Thora et de Maîtres érudits est essentielle pour la pérennité de chaque communauté. A cet effet, il s’est adressé à la tribu de Manassé, qui comptait parmi elle des maîtres de haut niveau.
L’avenir en péril
Nos maîtres interprètent les mots du cantique de Débora (Juges 5 ; 14 : « Makhir (descendant de Mannassé) a produit des législateurs », comme signifiant : des maîtres de Thora. Et c’est pour convaincre Manassé d’accepter de vivre en Transjordanie, que Moïse lui a octroyé un territoire plus grand que la logique aurait voulu. A l’appui de sa thèse, le Netsiv cite une opinion dans le Talmud de Jérusalem (Bikourim chapitre 1 ; 8) Le territoire de Ruben et de Gad possédait une sainteté inférieure à celle d’Israël, ce qui explique qu’il était exempt de la mitsva des Bikourim. Cela est dû au fait que ce territoire fut sollicité par ces derniers.
Le texte de la mitsva des Bikourim (Deutéronome 26 ; 10) précise : « Or, maintenant, j’apporte en hommage les premiers fruits de cette terre dont Tu m’as fait présent, Seigneur. » En revanche, sur le territoire accordé à la demi-tribu de Manassé, on avait le droit d’accomplir cette mitsva, car ce territoire n’avait pas été demandé par Manassé. C’est Moïse qui a sollicité Manassé, avec l’accord divin. Ce territoire est donc un présent divin. On l’a compris, c’est la raison pour laquelle Moïse intercale la description des territoires accordés à Manassé entre le récit concernant Ruben et Gad : Il nous dit de cette façon qu’il ne pouvait pas conclure leur octroi à Ruben et Gad avant d’avoir eu l’accord de Manassé de vivre dans ces mêmes territoires. Car sans cela, le risque de voir la Thora se perdre dans ces régions était trop grand, mettant du même coup l’avenir de Ruben et Gad en péril. Cet enseignement, transmis directement par Moïse, est d’une actualité troublante, et nous en voyons les conséquences jusqu’à nos jours. Les seuls endroits où le judaïsme s’est conservé sont ceux où des maîtres de Thora ont pu livrer leurs enseignements. A l’inverse, là où l’étude de la Thora a cessé d’être un élément vivant, le judaïsme a disparu, petit à petit. Cette réalité historique est reprise et développée par le ‘Hafets-Haïm à plusieurs occasions dans ses écrits. Et le souci prévoyant de Moïse à l’égard de Ruben et Gad doit continuer à nous inspirer, aujourd’hui plus que jamais.
Chabbath Chalom
Cette semaine nous lisons deux parachiot : Matot et Mass’é. Le début de la paracha Matot traite des voeux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces voeux. Mais l’introduction de ce passage est inhabituelle. Traditionnellement, la Torah écrit » Moshé parla aux Bné Israel « , or là Moshé parle aux chefs des Tribus d’Israel.
POURQUOI DONC MOSHE S’ADRESSE-T-IL ICI AUX CHEFS DE TRIBUS ?
Nous allons proposer ici deux explications originales.
L’on raconte, que dans une ville vivait un homme très riche qui était président de la communauté locale. Toutefois, il avait mal vécu l’épreuve de la richesse, et exigeait de tous, des marques de respect sans faille. Si par malheur, quelqu’un ne lui accordait pas les égards auxquels il prétendait, alors il le lui faisait savoir, sans ménagement.
Son attitude était devenue tellement inacceptable, que le Rav de la région, Rabbi Israel de Roudzin (1796-1850), le petit-fils du Maguid de Mezerich, envoya un de ses proches chez ce riche homme, afin de l’inviter à venir chez lui. L’homme accepta sans hésiter la demande du Rav, et dès le lendemain, il partit chez Rabbi Israel de Roudzin.
Rabbi Israel le reçut avec une froideur exceptionnelle, et lui fit de nombreuses remontrances. Le riche devait comprendre que la recherche du Kavod (des honneurs) l’avait perverti, et que les conséquences étaient fâcheuses pour le climat qui régnait dans sa ville.
Rabbi Israel continua : la seule fois où la Torah précise que l’on a accordé un honneur particulier aux chefs, c’est dans la paracha Matot. Ainsi Moshé a d’abord enseigné le passage qui parle des voeux et des serments aux chefs de Tribus, et ceci, devant le reste des Bné Israel.
Le seul honneur qu’un chef de tribu, ou qu’un président de communauté peut légitimement réclamer, c’est donc le droit d’apprendre la Torah devant les autres. Tout autre honneur est injustifié. Les Maximes des Pères nous disent bien : » La jalousie, la recherche des plaisirs matériels, et LA RECHERCHE DE HONNEURS abrègent la vie de l’homme. »
La seconde explication est toujours liée aux défauts que les chefs de Tribus, et plus généralement, les dirigeants de communautés, doivent éviter.
En effet, si Moshé s’adresse aux chefs de Tribus pour leur expliquer que celui qui fait un voeu doit le respecter, ce n’est pas un hasard. Ainsi, Moshé dit que celui qui prononce un voeu ne devra pas » profaner sa parole, tout ce qui sort de sa bouche il [devra] le faire « .
Et faire des voeux, s’engager, voire jurer est une attitude très » politique « . Ce sont les chefs, les responsables, qui pour être choisis s’engagent, et font des promesses. Seulement, une fois élus … les promesses sont vite oubliées.
La Torah sensibilise donc les responsables à ce problème majeur : ils ne doivent pas profaner leur parole et oublier leurs promesses.
Enfin, il est clair que ce travers peut guetter tout un chacun. Et la Torah nous avertit.
Ce n’est pas D. qui nous demande de faire des promesses à notre prochain, de faire des voeux …, c’est l’homme qui a besoin, pour se motiver, ou pour motiver son prochain, d’en formuler.
La Torah nous demande donc de gérer les voeux que l’on émet, de faire attention à nos paroles, de respecter nos engagements et nos promesses.
La Torah exige de tout faire pour que « LES PAROLES ET LES ECRITS RESTENT
Ce texte est fondé en partie sur le PARPERAOT LATORAH, Paracha Matot.
Voici les paroles que Moshé adressa à tout Israël…
Devarim(1,1)
Ce verset paraît bien étrange lorsque l’on essai de se représenter la scène :Moshé parlant à des millions de personnes,chacune étant supposée l’entendre !?De nos jours,avec les moyens techniques dont nous disposons,cela ne poserait nul problème…Mais la scène se passe il y a 3300 ans…
Le Kéli Yakar tente de donner une explication :Moshé n’aurait parlé qu’aux chefs de tribus…Cependant il n’écrit pas cela de façon tranchée,et en réalité les mots du verset sont clairs :Moshé a parlé à tout Israël !Au moment de Matan Torah (don de la Torah),ce que les Bneï Israël ont entendu,provenait de la bouche même de HACHEM.Ce n’était pas quelque chose qui s’écoutait au sens premier du terme,mais plutôt la révélation d’une prophétie.Car en effet,tous les Bneï Israël étaient prophètes comme il est écrit :“La moindre servante a vu sur la mer Rouge ce que Yé’heskel et les autres prophètes n’ont pu voir…”Or tous les personnes présentes lors de l’ouverture de la mer Rouge,l’étaient également lors de Matan Torah.Et donc Moshé s’adressait en fait à des prophètes.Et en matière de prophétie,il n’y a pas de limite.Ils purent donc tous entendre,phénomène qui paraît naturellement impossible,comme d’ailleurs le principe de Kefitsat ha-dere’h (possibilité de parcourir en un instant des dizaines,voire des centaines de kilomètres).Mais les faits sont là :Moshé a parlé à tous les Bneï Israël,et ils ont tous entendu !
RAV DAVID POVARSKI ZAL (Rosh Yéshivah Poniovitch)
Voici les paroles que Moshé adressa à tout Israël…Le premier du onzième mois,Moshé
parla aux Bneï Israël…sur l’autre rive du Jourdain,au pays de Moab,Moshé commença à expliquer cette loi et il dit…Devarim(1,1-5)
Dans les cinq premiers versets du livre de Devarim,le fait que Moshé ait parlé aux Bneï Israël,est mentionné trois fois :“Voici les paroles que Moshé adressa…”,“Moshé parla aux Bneï Israël…”,“Moshé commença à expliquer cette loi et il dit…”.En effet, ces cinq versets constituent une sorte de sommaire de tout le livre de Devarim qui est lui-même divisé en trois parties (en contrepartie des trois livres de Chemot,Vaïkra et Bamidbar). “Voici les paroles que Moshé adressa à tout Israël…”:représente la première partie de morale et de reproches.C’est pour cela qu’on y fait rapidement allusion aux fautes commises par les Bneï Israël.Elle se termine au 5ième chapitre de la Paracha Vaët’hanan. “Moshé parla aux Bneï Israël,en se conformant entièrement aux ordres du Seigneur à leur sujet…”: représente la seconde partie qui commence par les dix commandements et se termine au 27ième chapitre.Elle contient les commandements de la Torah. “Moshé commença à expliquer cette loi et il dit…”:représente la dernière partie des bénédictions et malédictions,qui est elle-même introduite par le verset :“Tu écriras sur les pierres les paroles de cette loi,en les expliquant bien”Devarim(27,8):on y trouve en effet des explications sommaires sur l’accomplissement des Mitzvoth.
GAON de VILNA
Donnez-vous des hommes sages,intelligents Devarim(1,13)
On raconte à propos du Gaon Rabbi Moshé ‘Haïm (grand-père du Ben Ich ‘Haï)l’histoire suivante : alors que deux personnes se présentaient devant lui pour un Din Torah (conciliation ou procès devant un tribunal rabbinique),le Rav comprit que,l’homme à qui on réclamait de l’argent,était prêt à faire un faux serment.Il lui dit
alors :“Crois-tu que je vais te faire jurer sur le Sefer Torah ?C’est sur les deux tables de la loi que tu vas jurer ! ”Et immédiatement,il ordonna au chamach du Beth Din (huissier du tribunal):“Vas tremper dix fois dans le miqvé (bain rituel)les deux tables de la loi,afin que je puisse faire jurer cet homme !”.Ce dernier eut alors terriblement peur car il pensait qu’il s’agissait des tables que Moshé Rabbénou avait ramenées du mont Sinaï ;il dit alors :“Je suis prêt à payer et je ne veux pas jurer !”. Ce à quoi le Rav lui répondit :“Non,car tu t’es déjà engagé à jurer !”. N’ayant pas d’autre choix,il reconnut son mensonge et commença à raconter les faits tels qu’ils s’étaient véritablement déroulés…Sur ces entrefaites,le chamach arriva dans la pièce avec le livre du Chlah Ha Quadosh : »Chné Lou’hot Ha Brith « (dont le titre est : »Les deux tables de la loi »)! C’est ce que signifie le verset :“entourez-vous d’hommes sages intelligents et perspicaces…”,au moment où apparaîtra un élément risquant de fausser le Din (jugement),ils trouveront toutes sortes d’astuces pour établir un jugement de vérité..
Matott
Il rappelle aux Bne-Israel les miracles qu’Ha-chem leur a faits
régulièrement : la sortie d’Egypte, le don de la Torah, l’eau qui sortait du puits de Myriam, les nuées qui les protégeaient.
Mais il leur rappelle que tout cela n’est arrive que lorsque le peuple suivait les lois de la Torah. Car lorsque ce n’etait pas le cas, des punitions s’abattaient sur le peuple. Par toute cette énumeration, Moshe veut, une dernière fois, donner une lecon au peuple, en leur expliquant :
– »Vous allez bientôt entrer en Eretz-Israel. La période des miracles est
terminée. Il ne s’agissait que d’une période transitoire. A présent, vous
allez devoir vivre sans cela, et aussi sans moi. C’est pourquoi, je vous
rappelle une dernière fois que tout bon acte amène une récompense, et tout mauvais acte amene une punition. Même si, une fois installes en
Eretz-Israel, vous vous rendez compte que la récompense ne vient pas aussi rapidement qu’avant, et que la punition ne suit pas immédiatement la faute, sachez que tout est vu, entendu, note ».
Cette leçon que Moshe a donnée au peuple est, bien entendu, toujours
actuelle.Lorsqu’on lit la Parasha de cette semaine, il faut bien se dire que toutes les pérégrinations du peuple n’avaient qu’un seul but : ancrer en nous une profonde Emounah pour les années, les générations, les siècles a venir…
Plus que jamais, nous avons besoin de ce petit rappel. Nous avons besoin de savoir que rien n’est du au hasard, et que c’est toujours Ha-chem qui dirige le monde ! Parce qu’Il est indulgent, Il ne punit pas tout de suite. Parce qu’il est indulgent, il préfère récompenser dans le monde futur, qui est éternel, plutôt que de faire gagner au Tsaddik 500 francs qu’il aura vite fait de dépenser. Mais cela ne doit pas altérer notre Emounah en Lui.
Il est voila, encore plus après la destruction du Beth Hamikdash, mais c’est toujours Lui qui nous fournit l’eau et la manne chaque jour…